Les multiples mesures visant à limiter le risque ont fait drastiquement chuter le nombre d’utilisatrices, et augmenter la surveillance de celles restées fidèles à ces médicaments.

Le nombre de femmes opérées de méningiomes dus à la prise prolongée des progestatifs Luteran et Lutényl et leurs génériques a chuté considérablement en cinq ans grâce aux restrictions imposées par les autorités sanitaires, selon une étude publiée jeudi. Le nombre de ces opérations « a été divisé par 10 en cinq ans, passant de 152 femmes opérées en 2018 à 15 en 2023 », conclut cette étude du groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare évaluant l’impact des mesures mises en place en France pour réduire ces risques de méningiomes. « La forte régression du nombre de méningiomes opérés résulte à la fois de la baisse considérable du recours aux progestatifs à risque et d’une augmentation de la surveillance par imagerie médicale  », selon cette étude.

Parfois qualifiées de « bénignes », car elles ne sont pas susceptibles de dégénérer en cancers mortels, ces tumeurs au cerveau peuvent néanmoins provoquer de graves troubles neurologiques qui se traduisent par des maux de tête, convulsions crises d’épilepsie, vertiges, baisse d’audition, perte d’odorat…

Dérivés de progestérone

L’acétate de chlormadinone (Luteran du laboratoire Sanofi) et l’acétate de nomégestrol (Lutényl de Theramex) sont des dérivés de la progestérone utilisés dans la prise en charge de la ménopause, des troubles menstruels et de l’endométriose notamment. Depuis février 2019, une lettre a été adressée aux professionnels de santé afin de les informer d’un « possible risque » de méningiomes associés à la prise de ces médicaments. Un risque identifié de plus longue date pour l’Androcur (acétate de cyprotérone, utilisé principalement dans l’hirsutisme sévère chez la femme). Des recommandations d’utilisation (indication, durée d’utilisation) et une obligation de suivi par IRM des femmes exposées aux acétates de nomégestrol et chlormadinone avaient ensuite été publiées début 2021 par les autorités sanitaires. En janvier 2022, des courriers ont été envoyés aux utilisatrices de ces progestatifs ainsi qu’à leurs prescripteurs, rappelant le risque de méningiome et la surveillance par IRM en cas de poursuite du traitement.

À la suite de toutes ces mesures, le recours mensuel à ces progestatifs a reculé de 97 % entre 2019 et 2023, faisant chuter le nombre d’utilisatrices de « plus de 260 000 à moins de 9000 », détaille Epi-Phare dans son rapport. Les nouvelles prescriptions ont également considérablement diminué, « passant de près de 18 000 par mois à environ 1000 par mois ». Un report vers d’autres progestatifs a été observé, dont le désogestrel pour lequel un risque plus faible de méningiome a récemment été démontré. Quant à l’IRM cérébrale recommandée aux femmes exposée pendant plus d’un an à l’acétate de chlormadinone et à l’acétate de nomégestrol, elle a été réalisée par 22% des femmes concernées en 2023, contre seulement 5% en 2019.