C’est une découverte
aussi rare que fascinante : des astronomes viennent d’identifier un
rémanent de supernova (SNR) d’une symétrie
quasi parfaite, baptisé Telios, aux abords de la Voie lactée. Repéré grâce au
radiotélescope australien ASKAP, ce vestige d’explosion stellaire
soulève aujourd’hui de nombreuses questions quant à son origine, sa
nature… et même sa distance exacte.

Telios – un nom
inspiré du grec ancien signifiant « parfait » – a été détecté dans
le cadre du projet de Carte
Évolutionnaire de l’Univers (EMU), visant à dresser une
cartographie radio du ciel austral. Ce nuage de gaz en expansion
correspond à ce qu’il reste d’une étoile ayant explosé en
supernova, phénomène cataclysmique parmi les plus puissants de
l’univers.

Une forme exceptionnellement
symétrique

Si les rémanents de
supernova sont souvent sphériques dans leurs grandes lignes, rares
sont ceux qui conservent une symétrie aussi nette que celle
observée ici. « Telios
présente une circularité remarquable, ce qui en fait l’un des
rémanents galactiques les plus symétriques jamais découverts
», écrivent les chercheurs dans leur étude, acceptée
pour publication dans la revue Publications of the Astronomical Society of
Australia.

Cette régularité dans
la forme pourrait indiquer que le rémanent est relativement jeune,
n’ayant pas encore subi les effets de distorsion causés par le
milieu interstellaire ou par d’autres phénomènes astrophysiques.
Toutefois, un tel niveau de symétrie pourrait aussi résulter de
conditions d’explosion particulièrement homogènes, ce qui serait,
là aussi, atypique.

Un objet difficile à
situer

Autre source
d’incertitude : la faible luminosité de Telios. Elle complique
sérieusement l’estimation de sa distance par rapport à la Terre, et
par conséquent, de sa taille réelle. Les chercheurs estiment qu’il
se situe entre 7 000 et 25 000 années-lumière, et pourrait ainsi
mesurer entre 46 et 156 années-lumière de diamètre.

L’objet a également
été repéré en dehors du plan galactique, une région moins dense que
le disque central où se trouvent la majorité des étoiles de la Voie
lactée, y compris notre Soleil. Ce positionnement renforce les
difficultés à en établir l’origine exacte.

sphère Telios
Images de la nouvelle étude montrant approximativement où se
trouvait Telios. Crédit image : Filipović et al., arXiv,
2025Quelle supernova à l’origine
?

En l’absence de noyau
résiduel identifiable – tel qu’une étoile à neutrons ou un pulsar –
les astronomes s’interrogent sur le type de supernova à l’origine
de Telios. Deux scénarios principaux sont envisagés :

  • Une supernova à
    effondrement de cœur, résultant de l’implosion d’une étoile
    massive.

  • Une supernova de type
    Ia, provoquée par l’explosion d’une naine blanche ayant accumulé
    trop de matière.

Le second scénario
semble plus probable, notamment en raison de la rareté des étoiles
massives en dehors du plan galactique. Mais à ce stade, aucune
preuve directe ne permet de trancher avec certitude. Les auteurs
appellent à des observations plus sensibles et à plus haute
résolution pour approfondir l’analyse.

Un cas rare mais pas
unique

Des rémanents
présentant une forme quasi parfaite ont déjà été observés dans
d’autres galaxies proches, notamment dans les Nuages de Magellan,
deux galaxies satellites de la Voie lactée. Parmi eux, les célèbres
SN1987A et MC SNR J0509–673, ou encore SNR J0624–6948, découvert en
2024 dans le Grand Nuage de Magellan.

Mais la découverte de
Telios dans notre propre galaxie, et dans une région aussi éloignée
du plan galactique, le rend particulièrement précieux pour l’étude
des supernovas rares et symétriques.

La découverte de
Telios rappelle que l’univers, malgré les milliards d’objets déjà
cartographiés, conserve encore une part importante de mystère. En
révélant un rémanent d’une perfection géométrique presque
troublante, cette trouvaille ouvre une nouvelle fenêtre sur les
dynamiques des explosions stellaires, et sur la diversité des
phénomènes à l’œuvre dans les régions moins explorées de notre
galaxie.