L’aveu est discret, mais il en dit long sur la stratégie migratoire du Royaume-Uni. La nouvelle chancelière du Trésor britannique, Rachel Reeves, a annoncé que le gouvernement travailliste poursuivrait le recours aux hôtels pour héberger les demandeurs d’asile jusqu’à la fin du mandat parlementaire, soit potentiellement jusqu’en 2029. Une décision qui confirme, en creux, l’incapacité des autorités à enrayer la crise migratoire.

Des promesses fermes, des actes flous

Alors que le Premier ministre Keir Starmer assurait vouloir « briser les réseaux de passeurs » opérant depuis la France et mettre fin aux traversées illégales de la Manche, la réalité du terrain contredit ces promesses. Rachel Reeves, dans le cadre de sa revue des dépenses publiques, a reconnu que la suppression du dispositif des « hôtels pour migrants » n’interviendrait pas avant plusieurs années.

En parallèle, elle a annoncé un financement annuel de 280 millions de livres pour une nouvelle entité baptisée Border Security Command, censée lutter contre l’immigration illégale. Mais cette mesure ne suffira pas à rassurer une opinion publique de plus en plus hostile à ce qu’elle perçoit comme une politique migratoire laxiste, inefficace, et ruineuse.

Les chiffres sont vertigineux. Si le gouvernement conservateur précédent tablait sur 4,5 milliards de livres entre 2019 et 2029 pour loger les migrants dans des hôtels privés, un rapport de la Cour nationale des comptes britannique publié en mai estime désormais le coût réel à 15,3 milliards sur dix ans. En 2024, ce système a coûté 1,67 milliard de livres au contribuable, soit environ 4,6 millions par jour.

Selon le Telegraph, avec une telle somme, le pays pourrait construire 15 hôpitaux modernes. Un contraste saisissant dans un contexte d’austérité budgétaire et de services publics saturés.

Le dispositif n’est pas seulement critiqué pour son coût : il suscite également des tensions croissantes dans les villes concernées. À Glasgow, en 2020, un migrant soudanais hébergé gratuitement dans un hôtel avait poignardé six personnes, dont un policier, après s’être plaint du caractère « inapproprié » de la nourriture fournie.

À cela s’ajoute l’exaspération croissante des riverains confrontés à la transformation de leur cadre de vie par l’installation forcée de centaines de clandestins, souvent sans concertation locale.

Un système à bout de souffle

Depuis le début de l’année, plus de 15 000 migrants sont arrivés illégalement sur les côtes britanniques, un record pour cette période. Le porte-parole de l’opposition, Chris Philp, a dénoncé « l’effondrement total du contrôle des frontières » et « la pire année jamais enregistrée » pour les traversées illégales en petite embarcation.

Alors que le gouvernement promet de renforcer les expulsions et de traiter plus rapidement les dossiers d’asile, très peu de retours sont effectivement réalisés. Le nombre de déboutés toujours présents sur le territoire augmente, fragilisant encore un peu plus la crédibilité de l’État.

Le Royaume-Uni, souvent présenté comme un modèle de fermeté migratoire, révèle aujourd’hui ses propres failles : une administration paralysée, un appareil judiciaire débordé, des collectivités locales épuisées… et une population de plus en plus inquiète de voir son pays transformé sans son consentement.

Pour la France et les autres nations européennes confrontées à des flux similaires, l’expérience britannique sonne comme un avertissement. Tant que l’on continuera à traiter l’immigration clandestine comme une fatalité plutôt qu’un défi de souveraineté, les hôtels ne désempliront pas… et la cohésion nationale continuera de se fissurer…jusqu’à la rupture totale.

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