INFO LE FIGARO – Trois lycéens de Marseille comparaissent ce vendredi devant le tribunal pour enfant pour des menaces de mort proférées sur Snapchat visant un enseignant et son fils scolarisé dans le même lycée du centre-ville.

«On abat le PD et son daron». Une courte phrase, violente, envoyée en novembre dernier dans un groupe Snapchat rassemblant plusieurs dizaines de lycéens. Le «daron» en question est un enseignant du lycée Rempart-Vinci à Marseille. La seconde personne visée est son fils, scolarisé dans l’établissement, qualifié ainsi en raison de son orientation sexuelle. Comme l’avait révélé Le Figaro  à l’époque, l’affaire avait déjà suscité un certain émoi dans la cité phocéenne, jusqu’à faire réagir son maire, Benoît Payan, sur les réseaux sociaux.

Sept mois plus tard, quelques jours après le meurtre d’une surveillante dans un collège de la Marne par un élève, trois lycéens comparaîtront devant le tribunal pour enfants de Marseille ce vendredi pour ces menaces de mort proférées sur le réseau social Snapchat envers cet enseignant et son fils. Certains des mis en cause sont scolarisés dans le même établissement que les victimes.

Dans ce groupe baptisé «blocus Rempart 5», de nombreux adolescents conversent, parfois sous pseudonyme. À l’origine, le groupe a été créé pour organiser un blocus de l’établissement. Un des prévenus, Nabil*, en était membre. Âgé de 16 ans au moment des faits, il était alors scolarisé en seconde. Habitant du quartier, il fréquente un établissement voisin, mais a conservé des amis dans le lycée.

Des menaces pour «faire rire les gens»

Un autre des prévenus, Ali*, scolarisé en seconde également au sein de l’établissement, suggère aux membres du groupe de s’en prendre à un élève, Ethan*, fils d’un des enseignants du lycée, photos à l’appui. «Jetez le PD au gros pif à la poubelle», lance Ali, inconnu des services de police. Une manière de «faire rire les gens», assure-t-il aux enquêteurs. En réponse, Nabil incite à tuer Ethan et son père. Également inconnu des services de police et de gendarmerie, Nabil a affirmé devant les enquêteurs avoir envoyé ce message violent «pour suivre le mouvement» et affirme ne connaître aucune des deux victimes.

La troisième prévenue, Inès, élève de l’établissement âgé de 15 ans au moment des faits, est accusée d’avoir transmis les photos des victimes à la demande de membres du fameux groupe Snapchat. Son avocat entend plaider la relaxe. «Ma cliente a juste envoyé une photo sans aucun commentaire ni aucune menace, insiste Me Maximilien Neymon. Elle n’avait aucune intention de faire quoi que ce soit. C’est une élève tout ce qui a de plus lambda et classique qui se retrouve au cœur d’une machine judiciaire. Elle a eu un réflexe un peu bête d’adolescent dans une conversation de 30 personnes.»

«La coloration médiatique autour de ce dossier compte tenu de faits divers commis peu avant a donné une ampleur qui n’est pas justifiée à cette procédure», regrette de son côté l’avocate d’Ali, Me Mathilde Dumoulin. En septembre dernier, une enseignante d’un lycée de Libourne se disait victime, à tort, de menaces de mort. Ce vendredi, selon nos informations, l’un des prévenus sera toutefois absent de son procès, et demandera son report. Il passera en effet au même moment une épreuve du baccalauréat.

*Les prénoms des protagonistes mineurs ont été modifiés