Nachida, une retraitée de 68 ans qui vit à la Blancarde, à Marseille (4e), est inquiète pour sa santé. Elle souffre d’asthme sévère depuis des années et les poussières liées à la pollution de l’air qui rentrent dans son appartement de centre-ville la font éternuer pendant de longues minutes matin et soir. L’important pic de pollution que traverse Marseille ces derniers jours à cause des particules des incendies du Canada, du sable du Sahara et de l’ozone, ne fait que renforcer ses préoccupations.

Hasard du calendrier, c’est aussi le moment qu’elle a choisi pour faire installer chez elle deux capteurs pour mesurer la qualité de l’air, grâce à un programme du collectif Air’Ô, soutenu par Atmosud et AirCarto. Magali Guyon, qui a lancé ce projet citoyen à Air’Ô, vient tout juste de poser et relier au Wifi « Module Air » dans le salon de Nachida et Nebul’Air sur le balcon que le verdict tombe : la qualité de l’air chez Nachida est dégradée et les niveaux de saturation en particules fines s’affichent en lettres rouges sur le cadran des appareils.

« L’air est partout, il nous entoure, j’ai envie de comprendre ce que je respire et ce que ça peut faire à mon corps. Je m’attends à avoir de très mauvaises surprises », explique cette native d’Alger qui a beaucoup voyagé. Elle désigne au-delà de sa terrasse le massif de l’Étoile que l’on désigne à peine dans la brume de pollution. « Ça fait peur de voir les proportions que ça prend », note Nachida.

Six mois pour devenir expert de la pollution de l’air

Ce printemps, elle fait partie de la troisième « promotion » de citoyens marseillais – sept foyers cette année – à participer au programme d’Air’Ô, qui analysent aussi l’atmosphère. Pour faire partie de l’aventure, il faut habiter dans le centre-ville et accepter de devenir un peu scientifique pendant six mois, faire soi-même des relevés, transmis en temps réel sur le site d’Atmosud et d’Air’Ô.

C’est en voyant la websérie Les Capteurs, présentée en 2024 par Air’Ô dans le cadre de son projet citoyen pour un monde plus respirable, que la retraitée a eu envie de s’impliquer. « Je vois les rues qui sont sales, les voitures trop nombreuses, les rats et les pigeons qui pullulent, je vois la santé d’amis s’abîmer parce qu’ils respirent du poison. Je veux agir à mon échelle pour alerter, et trouver localement des solutions », revendique Nachida.

Après les six mois d’expérimentation, les données seront rassemblées pour être étudiées par les scientifiques d’Air’Ô et d’Atmosud. « Nous avons cruellement besoin de données pour que nos alertes ne restent pas vaines », souligne Magali Guyon.

Ce vendredi 13 juin à 18 h 15, la websérie Les Capteurs sera diffusé à la mairie des 1er et 7e arrondissements dans le cadre des 72 heures de l’écologie.

L’inscription est gratuite https://www.helloasso.com/associations/air-citoyen/evenements/cine-debat-serie-les-capteurs-de-antoine-capliez