Franco Morbidelli n’est plus l’ombre qu’il a été en piste ces dernières saisons, lourdement impacté par les difficultés de Yamaha puis par deux grosses blessures, l’une au genou et l’autre à la tête. Revenu en forme, l’Italien profite de la confiance du groupe VR46 pour s’offrir une cure de jouvence cette année, seul pilote à avoir conservé la Ducati GP24 pour continuer à en exploiter des qualités unanimement reconnues.
À l’exception d’une petite baisse de régime entre Jerez et Le Mans, Morbidelli multiplie les grosses performances. On l’a vu monter deux fois sur le podium, en plus d’une troisième place en sprint, et on l’a aussi vu manquer la récompense de peu après des batailles nourries.
Ce fut le cas une nouvelle fois le week-end dernier à Alcañiz. Malgré une fracture au pied à Silverstone, le pilote VR46 a encore fait le show en luttant bec et ongles contre Fermín Aldeguer, sur la même moto que lui aux couleurs de Gresini. Ils ont d’abord croisé le fer dans le sprint, où l’avantage est revenu à l’Espagnol avec un pneu arrière plus dur que celui de Morbidelli. Puis, ils se sont recroisés dans la course longue et ils ont livré là un spectacle éblouissant.
« Ça a été une très belle bagarre, après une course rude, durant laquelle j’ai eu beaucoup de mal », a expliqué Franco Morbidelli, qui n’avait pas réussi à suivre le groupe de tête au lancement du Grand Prix. « C’est comme si, ce week-end, on avait très bien travaillé pour le tour qualifs, mais pas suffisamment pour les deux courses parce que je n’avais pas un très bon potentiel ni au début du sprint, ni au début de la course longue. Je prenais trop de risques pour ne serait-ce que me rattraper d’un départ qui n’a pas été très bon. »
« J’ai essayé, mais j’ai failli tomber trois fois », a révélé le pilote italien, néanmoins satisfait de sa prestation générale malgré ces difficultés. « On s’attendait tous à quelque chose de mieux du sprint comme de la course de dimanche, mais je n’ai pas réussi à avoir une bonne vitesse dans la phase initiale. »
« Je suis donc vraiment content d’avoir réussi à ramener la moto à l’arrivée, et encore plus de l’avoir fait en cinquième position parce que je me suis retrouvé à me battre contre Fermín. Ça a été une belle bagarre, il avait un gros potentiel sur la fin et je suis content d’avoir réussi à prendre le dessus. Il était vraiment fort ! »
Une lutte où l’on agit « à l’instinct »
Ce duel spectaculaire entre les deux hommes a fini par attirer toute l’attention sur la fin du Grand Prix, alors que Marc Márquez avait largement course gagnée et que ses trois premiers poursuivants étaient inatteignables.
Pour Fermín Aldeguer, qui débute cette saison en MotoGP, c’est encore une expérience de plus à son compteur, aux côtés d’un pilote qui a de la bouteille et ne ménage pas ses adversaires. Tous deux ont multiplié les dépassements, jouant littéralement des coudes, jusqu’à ce que Morbidelli prenne définitivement l’ascendant dans le dernier tour.
« Je ne sais pas si ça a été agressif ou pas, c’était juste une belle bagarre, » a souligné celui-ci. Et ce contact à plus de 200 km/h ? « Je n’avais que de l’adrénaline pure dans la tête ! Je pourrais vous en donner un shot ! […] Je pense que ce sont des moments où l’on agit vraiment à l’instinct. »
Franco Morbidelli a fini par remporter la cinquième place.
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
« Morbidelli est un dur à cuire ! Il est très expérimenté. À chaque fois que je le dépassais, il saisissait la moindre occasion pour me repasser devant. On s’est touché, on a perdu du temps », a expliqué Aldeguer, évoquant également un premier contact dans un début de course que tous deux ont vécu assez difficilement.
« Je ne suis pas totalement satisfait. Si j’avais remporté cette bagarre et fini cinquième, je le serai sans doute plus. […] Il a gagné, mais je suis rookie, je dois m’estimer satisfait », ajoutait le jeune pilote à chaud. « J’en tire des leçons très utiles. En début de saison, je n’arrivais pas à dépasser, maintenant je me bats face à l’un des pilotes les plus expérimentés. »
Morbidelli n’a en tout cas pas retenu ses compliments à l’égard de son jeune rival : « Il était vraiment fort. Ça m’a fait penser à ma bagarre face à Marc à Silverstone, à la différence de la fin : Marc, je n’ai pas réussi à le battre, alors que cette fois, j’y sui arrivé avec Fermín. Mais il a été très fort. »
Avec Germán Garcia Casanova
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Léna Buffa
MotoGP
Franco Morbidelli
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Gresini Racing
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