Le méningiome est une tumeur bénigne du cerveau pouvant causer des troubles neurologiques. © Freepik
Depuis des années, des milliers de femmes prenaient sans trop s’interroger deux traitements hormonaux bien connus : Lutényl® (nomegestrol) et Luteran® (chlormadinone). Prescrits pour des troubles gynécologiques (endométriose, règles douloureuses, etc.), ils étaient souvent utilisés au long cours.
Le hic ? Ces progestatifs puissants sont aujourd’hui formellement associés à une augmentation significative du risque de méningiome, une tumeur cérébrale, généralement bénigne, mais parfois sérieusement problématique.
L’affaire Lutényl® / Luteran® : ce qu’on aurait aimé savoir plus tôt Un lien désormais bien établi entre progestatifs puissants et méningiome
Le méningiome est une tumeur qui se développe à partir des membranes entourant le cerveau et la moelle épinière. Bien qu’en grande majorité non cancéreuse, cette tumeur peut entraîner des symptômes invalidants : maux de tête persistants, troubles de la vision, pertes d’équilibre, voire crises d’épilepsie.
En 2021, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) confirmait que l’exposition prolongée à Lutényl® ou Luteran® multipliait le risque de méningiome, notamment au-delà de 5 ans d’utilisation continue. Ces conclusions s’appuient sur une étude menée par EPI-PHARE, un groupement d’intérêt scientifique associant l’ANSM et l’Assurance Maladie.
Selon leur rapport de mars 2024, le risque est très net :
- Le nomegestrol (Lutényl®) multiplie par 6,5 le risque de méningiome après un usage prolongé.
- Le chlormadinone (Luteran®) par 4,7.
(Source : EPI-PHARE, 2024)
Résultat : un recul spectaculaire des prescriptions… et des opérations
Les autorités sanitaires n’ont pas tardé à réagir. Dès 2021, des recommandations strictes ont été diffusées : usage limité dans le temps, examens IRM de contrôle, et surtout, réévaluation systématique du traitement après un an.
Les effets de ces mesures sont spectaculaires. Selon un bilan publié le 12 juin 2025 par l’AFP (reprises par Le Figaro et Notre Temps) :
- Le nombre d’interventions chirurgicales pour méningiome liées à Lutényl® et Luteran® est passé de 152 en 2018 à seulement 15 en 2023.
- En parallèle, le nombre de patientes traitées est passé de 260 000 à moins de 9 000 en 4 ans.
- Et la proportion de patientes bénéficiant d’une IRM de contrôle est passée de 5 % en 2019 à 22 % en 2023.
Bref, la surveillance fonctionne.
Progestatifs : un usage désormais sous haute surveillance Risque méningiome Luteran Lutényl : ce qu’il faut retenir si vous êtes concernée
Aujourd’hui, ces traitements ne sont pas interdits, mais leur prescription est strictement encadrée :
- Ils ne doivent plus être utilisés en première intention.
- Leur usage doit être le plus court possible.
- Une IRM cérébrale est désormais recommandée après 1 an de traitement, puis régulièrement.
Et surtout, les médecins doivent informer clairement leurs patientes du risque potentiel. Une discussion bénéfice-risque est désormais indispensable.
Y a-t-il des alternatives plus sûres ?
Oui. D’autres progestatifs, comme le désogestrel, ont été étudiés, notamment dans une publication récente de ma-clinique.fr. Résultat : le désogestrel présente un risque très faible d’augmentation de méningiome. Il peut donc représenter une alternative dans certaines situations, sous surveillance médicale.
Cependant, comme le rappelle l’ANSM, toute hormone n’est jamais anodine. Même un risque “faible” peut devenir significatif chez certaines femmes, notamment en cas de prédisposition.
À SAVOIR
D’autres progestatifs que Lutényl® et Luteran® sont aussi concernés par le risque de méningiome. Une étude publiée dans le BMJ en 2024 montre que la médrogestone, la médroxyprogestérone injectable (comme Depo-Provera) et la promégestone augmentent également le risque de tumeur cérébrale après un an d’utilisation.
Inscrivez-vous à notre newsletter
Ma Santé