Par

Léa Pippinato

Publié le

13 juin 2025 à 11h33

Depuis juillet 2021, la Banksy Modeste Collection circule de ville en ville. Quinze étapes ont déjà eu lieu. À chaque halte, le même objectif : montrer l’œuvre de Banksy sans la marchandiser, en respectant l’esprit de l’artiste. L’exposition s’est installée à Montpellier jusqu’au 15 juin, dans un lieu atypique : la Parcelle 473, un ancien domaine viticole transformé en espace dédié au street art dans le quartier Malbosc.

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Ce sont près de 289 pièces qui sont présentées. La collection appartient à Béru, un comédien français qui a croisé Banksy par hasard en 2007, lors d’un festival à Londres. Sans comprendre immédiatement à qui il avait affaire, il commence alors à réunir billets, pochoirs, affiches, t-shirts, vinyles, éditions limitées, magazines et autres objets liés à l’artiste. Dix-sept ans plus tard, cette accumulation constitue la plus importante collection privée ouverte au public consacrée à Banksy. Elle est aussi l’une des rares que l’artiste n’ait pas publiquement critiquées. Voici trois bonnes raisons d’aller la découvrir.

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Une collection dense, documentée et rarement montrée

La Banksy Modeste Collection rassemble des œuvres et objets créés, imprimés, ou publiés autour de l’artiste depuis le début des années 2000. Plusieurs formats sont représentés : sérigraphies, t-shirts, vinyles, pochoirs, photographies, extraits de presse ou affiches. L’ensemble permet d’appréhender les différents axes du travail de Banksy, au-delà des œuvres murales. Parmi les pièces notables figurent la sérigraphie de La petite fille au ballon, le t-shirt Turf War lié à sa première grande exposition londonienne en 2003, ainsi que Border Farce, un visuel détournant le logo de la police britannique, imprimé sur textile en 2023 pour soutenir le navire humanitaire Louise Michel.

L’exposition attire chaque jour entre 1 000 et 3 000 visiteurs selon les périodes.
L’exposition attire chaque jour entre 1 000 et 3 000 visiteurs selon les périodes. (©Métropolitain / LP)

D’autres objets présentés concernent ses projets alternatifs : des photographies issues du parc éphémère Dismaland (2015), des cartes postales et savons provenant du Walled Off Hotel à Bethléem (2017), ou encore une photo de l’installation Cinderella Crash. L’exposition comprend aussi des éditions musicales visuelles, comme des vinyles et CD de Blur (Think Tank, Out of Time), ou l’album Liberation de Talib Kweli et Madlib, dont la pochette reprend une œuvre de Banksy. Des publications plus rares sont exposées : le magazine Swindle (2006), Bizarre (2002), des ouvrages documentaires comme Seven Years with Banksy ou Banksy in New York, ainsi que des impressions de grande taille comme le Turbo Zone Truck. Les visiteurs peuvent également voir le pochoir Toxic Rat, la sérigraphie NOLA – West Country Prince réalisée après l’ouragan Katrina, ou l’affiche Minnie Hiroshima de Jeff Gillette, un des artistes ayant collaboré avec Banksy pour Dismaland.

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Sérigraphies, vinyles et CD rappellent les collaborations de Banksy avec le monde de la musique.
Sérigraphies, vinyles et CD rappellent les collaborations de Banksy avec le monde de la musique. (©Métropolitain / LP)Un modèle solidaire fondé sur les dons et l’action locale

L’exposition ne fonctionne pas sur un modèle commercial. L’entrée est gratuite et les frais sont couverts en partie par la vente de sérigraphies et visuels en contrepartie de dons. Depuis 2021, plus de 230 000 euros ont été redistribués à des associations locales dans les villes où la collection a été accueillie. À Montpellier, les dons collectés seront attribués sur présentation de projets précis, sans financement de fonctionnement. Parmi les associations partenaires récurrentes figure SOS Méditerranée. Les organisateurs collaborent aussi avec des structures locales comme la Carmagnole. Les bénévoles montpelliérains assurent une partie de l’accueil et de la logistique sur place.

Le projet, non institutionnel, privilégie des lieux indépendants. Les organisateurs refusent les lieux culturels traditionnels, en partie pour garantir la gratuité et conserver une autonomie sur les horaires, la scénographie et le format de l’exposition. La Parcelle 473 a été choisie pour sa surface disponible (plus de 300 m²) et son orientation street art.

Une exposition conçue pour tous les publics

L’exposition accueille des publics très variés. Chaque matin, des créneaux sont réservés aux établissements scolaires, de la classe de sixième à la terminale. Les enfants de maternelle ne sont pas reçus en raison de la complexité des thématiques abordées. Des médiations spécifiques ont été mises en place, avec des supports conçus par l’équipe de l’exposition et les encadrants pédagogiques. Le grand public peut visiter librement toute la journée. Les visiteurs sont à la fois des connaisseurs du street art, des curieux ou des familles. Certains suivent l’exposition de ville en ville. D’autres découvrent Banksy sur place, parfois avec surprise en découvrant l’étendue de sa production.

Selon l’équipe sur site, beaucoup pensent connaître l’artiste mais découvrent qu’il a également signé des pochettes de disques, édité des objets, ou produit des installations complexes. Le lieu lui-même, en dehors des circuits muséaux classiques, permet d’attirer des publics qui ne fréquentent pas habituellement les galeries ou les musées du centre-ville.

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