On ne sourit jamais quand on voit les autres en difficulté

Esteban Ocon va attaquer au Canada son dixième Grand Prix avec l’écurie Haas, lui qui a rejoint la structure américaine après cinq saisons complètes comme titulaire dans le giron Renault/Alpine. L’on se souvient que la fin de l’aventure française du vainqueur du GP de Hongrie 2021 ne s’est pas faite dans la sérénité la plus totale puisqu’outre les anicroches avec son équipier Pierre Gasly et les échanges parfois houleux avec la direction, il a été contraint de céder son baquet pour l’ultime course de l’année, l’obligeant à faire une croix sur ses adieux en piste aux femmes et hommes d’Enstone, afin de laisser la place à son futur remplaçant Jack Doohan.

Si l’on s’en tient au simple bilan comptable, le fait d’avoir rejoint Haas est une progression par rapport à la situation actuelle d’Alpine. L’écurie d’Enstone est en effet à la dernière place du classement constructeurs, avec 11 points, pendant que Haas est septième, à la tête d’un total de 26 unités. Quand il lui est demandé s’il a le sourire à l’idée d’avoir fait le choix de Haas en voyant Alpine en difficulté, Ocon répond toutefois : « On ne sourit jamais quand on voit les autres en difficulté. »

« Pour moi, il était très clair que je voulais venir [chez Haas]. J’ai pris ma décision il y a très longtemps. Il était évident que nous n’avions pas les mêmes objectifs avec [Alpine]. J’avais besoin d’un nouveau défi, car nous n’allions pas pouvoir avancer ensemble. Nous n’étions pas d’accord sur beaucoup de choses. »

Alpine aura toujours une place spéciale dans mon cœur […] Bien sûr, on va effacer la fin de ma carrière là-bas.

Comme il le sait parfaitement, puisqu’il avait participé à l’incroyable et inattendu double podium d’Alpine au Brésil l’an passé, qui avait totalement renversé la situation sportive de l’équipe en la propulsant à la sixième place chez les constructeurs alors qu’elle semblait promise aux deux dernières positions, Ocon se refuse à enterrer la structure française.

« Ils ont été rapides à Bahreïn et sur certains circuits. Ils vont également travailler sur eux-mêmes. En une course, on peut rattraper son retard. Même s’ils sont derniers aujourd’hui, cela ne signifie pas qu’ils finiront à cette place. Nous devons garder un œil sur tout le monde et faire de notre mieux de notre côté. »

« Je me sens vraiment bien [chez Haas] », a-t-il conclu. « Comme je l’ai dit, Alpine aura toujours une place spéciale dans mon cœur : avec le fait d’avoir la voiture victorieuse chez moi et ce que nous avons accompli ensemble. Bien sûr, on va effacer la fin de ma carrière là-bas. »

Propos recueillis par Ben Hunt

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