- La police de Grenoble expérimente une nouvelle façon de lutter contre le trafic de drogue.
- Un QR code est distribué aux habitants pour dénoncer anonymement les dealers.
- Une équipe de TF1 se penche sur ce dispositif.
Suivez la couverture complète
Le 20H
C’est une distribution insolite, organisée par la police de l’Isère. « Je vous donne un flyer au cas où. Si vous êtes témoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à nous le signaler sur le site internet », lance un policier à un homme présent sur un marché, dans le reportage du 20H de TF1 visible ci-dessus. Un tract également déposé dans les boîtes aux lettres de plusieurs quartiers sensibles de Grenoble et de son agglomération.
Comme à Fontaine, où une fusillade a fait un mort en septembre dernier sur un point de deal. « Le principe de la démarche, c’est de pouvoir nous donner anonymement des informations, qui peuvent nous permettre d’avoir des débouchés sur de possibles interpellations ou de possibles faits du quotidien qui nuisent à toute la population », explique face à notre caméra Benoît, gardien de la paix au sein du Groupement de sécurité de proximité.
Le dispositif est très simple, comme le montre notre journaliste Gwenaël Windrestin : « Pour signaler un événement, je flashe le QR code qui est présent sur ce flyer, et après seulement quelques clics, je peux discuter anonymement avec un policier ».
TF1
Et l’initiative surprend les habitants, partagés sur ce principe de dénonciation. « Oui, je le ferai, je pense », assure une femme à notre équipe. « Est-ce que ça va être anonyme ? La peur des représailles est vraiment présente », pointe un autre. Une troisième fait aussi part de ses réserves : « Ça peut être une bonne idée, je pense, mais est-ce que ça va vraiment être utile ? Je ne sais pas. Vous enlevez un point de deal, demain, il y en a un autre ».
« On ne peut pas tout prendre pour argent comptant »
En début d’année, à Saint-Martin-d’Hères, les dealers avaient utilisé le même procédé en distribuant des publicités pour attirer les consommateurs. Le dispositif de la police est lui en place depuis un mois, et il porte ses fruits. « Ce sont des interpellations, ce sont des saisies, ce sont surtout des connaissances beaucoup plus fines des modes opératoires des trafiquants, et ces modes opératoires sont aussi importants pour nous pour mieux appréhender nos opérations de voie publique », nous indique Jérôme Chappa, directeur interdépartemental de la polie nationale de l’Isère.
Lire aussi
« Ils cachaient de la drogue sur mon balcon » : des habitants de Grenoble sous la coupe des dealers
Les informations sont ensuite transmises aux policiers grenoblois. Des enquêteurs qui doivent les traiter, les exploiter pour leurs investigations dans la lutte contre le trafic de stupéfiants. Et Yannick Biancheri, secrétaire zonal sud-est d’Alliance police nationale, craint qu’ils ne soient pas assez nombreux : « Il faut vérifier la véracité des informations, on ne peut pas prendre tout argent comptant. Donc si on a un flux d’informations qu’on ne peut pas traiter parce qu’il nous manque des policiers, ça ne sert grosso modo à rien ».
La distribution de ces prospectus va s’étendre à d’autres quartiers de Grenoble gangrénés par le trafic de drogue.
La rédaction de TF1info | Reportage Gwenaël WINDRESTIN, Louis LÉGER