Une partie des vitraux de Notre-Dame de Paris seront bien remplacés. Rachida Dati l’a à nouveau confirmé, jeudi, à l’issue d’une réunion de la commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA). Ceux déposés, créations d’Eugène Viollet-le-Duc, seront « restaurés » puis « exposés dans un lieu dédié », a indiqué sur X la ministre de la Culture. Assurant qu’elle y veillerait.

Pas de quoi éteindre la polémique pour autant. Car ce remplacement par des vitraux modernes ne passe pas auprès des défenseurs du patrimoine depuis l’annonce du projet.

Ce sont Emmanuel Macron et Mgr Laurent Ulrich qui souhaitent « laisser une trace contemporaine dans l’histoire de la cathédrale dévastée par un incendie en 2019 et entièrement restaurée », rappellent l’Élysée et le diocèse. Le chef de l’État avait annoncé le lancement de ce concours lors de sa visite de la cathédrale un an avant la réouverture de l’édifice, qui s’est déroulée les 7 et 8 décembre derniers. 110 équipes y avaient postulé.

Une pétition, un recours en justice…

C’est finalement l’artiste française Claire Tabouret qui a reçu pour mission de remplacer les vitraux de six des sept baies du bas-côté de Notre-Dame (côté Seine) de l’architecte du XIXe siècle Eugène Viollet-le-Duc, par des créations contemporaines. Claire Tabouret sera associée à l’atelier du maître verrier Simon-Marq à Reims.

Une ambition à laquelle s’opposent donc nombre de défenseurs du patrimoine. Ils font valoir notamment que les anciens vitraux n’ont pas été endommagés par l’incendie. Et s’appuient sur la charte internationale de Venise, interdisant en principe le remplacement d’œuvres existantes par de nouvelles, mais qui n’est pas contraignante.

L’annonce de jeudi de Rachida Dati ne les a pas calmés, beaucoup critiquant la ministre pour ne pas avoir rappelé l’opposition toujours effective de la CNPA à ce remplacement. « Vous oubliez l’essentiel : la commission rappelle son avis du 11 juillet 2024, qui s’oppose à l’unanimité au remplacement des vitraux de Viollet-le-Duc. Une lecture sélective voire malhonnête… » tacle ainsi sur X le compte Sites et monuments.

L’association nationale reconnue d’utilité publique agréée pour la protection de l’environnement avait déposé « un premier recours contre l’enlèvement des vitraux d’Eugène Viollet-le-Duc à Notre-Dame », classés Monuments historiques, devant le tribunal administratif de Paris.

Une pétition avait par ailleurs été lancée en 2023 à l’initiative de Didier Rykner, fervent défenseur du patrimoine et fondateur du magazine La Tribune de l’Art. Elle avait récolté près de 130 000 signatures.

Coloré et « symbole d’unité » selon l’artiste, ce projet devra respecter un cahier des charges précis : « un programme figuratif relatif à la Pentecôte » en « adéquation » avec le vitrail représentant l’arbre de Jessé datant de 1864 qui, lui, restera en place. Ce thème, fréquent dans l’art chrétien, représente une schématisation de la généalogie du Christ.

À compter de la passation du marché par l’établissement public chargé de rebâtir Notre-Dame, six mois d’étude sont prévus et environ un an et demi de réalisation, selon l’Élysée et le diocèse. Pour un budget de 4 millions d’euros alloués par le ministère de la Culture.