Certaines personnes, selon leur groupe sanguin, auraient un risque plus élevé de développer des maladies cardiovasculaires. © Freepik
Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et les infarctus restent parmi les principales causes de mortalité en France. Chaque année, environ 150 000 AVC sont recensés, dont 30 000 sont mortels, selon Santé Publique France. Jusqu’ici, la majorité des efforts thérapeutiques visaient à dissoudre ou prévenir les caillots sanguins classiques, composés de plaquettes et de fibrine.
Mais une étude publiée dans la revue Nature le 12 juin 2025 pourrait bien remettre en question ce paradigme. Des chercheurs de l’Université de Genève ont identifié un nouveau mécanisme de micro-obstruction vasculaire impliquant non pas un caillot, mais des globules rouges endommagés. Une découverte inattendue, aux implications cliniques majeures.
Une nouvelle pièce dans le puzzle des maladies vasculaires Des globules rouges qui bloquent la circulation
Lorsqu’une lésion endothéliale survient (par exemple lors d’un AVC ou d’un infarctus), elle expose les globules rouges à un environnement hostile. Ces cellules éclatent (un phénomène appelé hémolyse) et libère des débris cellulaires qui se fixent aux parois des capillaires. Ces fragments forment alors une sorte de “colle biologique”, capable de bloquer la circulation dans les micro-vaisseaux.
Ce mécanisme a été observé post-mortem chez des patients décédés du Covid-19, chez qui persistaient des obstructions microvasculaires malgré une prise en charge anticoagulante efficace. Les chercheurs ont confirmé ce phénomène sur des modèles expérimentaux d’AVC, d’infarctus et d’ischémie intestinale.
Une prise en charge actuelle insuffisante
Aujourd’hui, la prise en charge des AVC repose essentiellement sur trois piliers :
- les thrombolytiques, pour dissoudre les caillots en phase aiguë,
- les anticoagulants, pour prévenir de nouvelles obstructions,
- et les antiagrégants plaquettaires, comme l’aspirine, pour inhiber l’agrégation des plaquettes.
Or, ces approches, bien qu’efficaces contre les thromboses classiques, ne permettent pas de contrer les micro-obstructions induites par l’hémolyse. Comme le souligne le Dr Lorenzo Alberio, co-auteur de l’étude, “nous avons besoin de traitements qui s’attaquent à la racine du problème : la protection de l’endothélium et la stabilité des globules rouges”.
Alors, quelle suite pour cette découverte ? Vers une nouvelle stratégie thérapeutique
La découverte ouvre la voie à des thérapies complémentaires, non pas centrées sur la coagulation, mais sur la préservation de l’intégrité vasculaire. Parmi les pistes envisagées :
- renforcer les défenses de l’endothélium pour éviter sa destruction,
- stabiliser la membrane des globules rouges afin d’éviter leur éclatement,
- ou encore favoriser l’élimination des débris cellulaires avant qu’ils ne s’accumulent dans les capillaires.
Ce changement de perspective pourrait améliorer significativement la prise en charge des AVC, notamment pour les patients qui ne répondent pas aux traitements actuels.
Une révolution silencieuse mais prometteuse
En France, 80 000 infarctus sont recensés chaque année, dont plus de 12 000 chez les femmes, qui présentent souvent des symptômes atypiques et un pronostic plus sombre. Pour ces patientes comme pour les victimes d’AVC, l’identification de ce mécanisme alternatif est une avancée majeure, susceptible d’améliorer le pronostic fonctionnel et vital.
La prochaine étape ? Des essais cliniques pour tester des médicaments ciblant ces micro-obstructions, et des recherches pour mieux comprendre les conditions qui favorisent l’hémolyse, comme certaines infections ou pathologies chroniques.
À SAVOIR
Le stress oxydatif, présent lors d’infections ou de maladies chroniques comme le diabète, peut fragiliser les globules rouges et l’endothélium. Il favoriserait donc ce nouveau type de blocage, ce qui explique pourquoi certains patients sont plus à risque lors d’un AVC ou d’un infarctus.
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