« Je suis fière parce qu’au début nous ne savions rien faire et aujourd’hui nous arrivons à peindre des tableaux difficiles », se réjouit Mady Brenner, de la résidence autonomie Louis-Faraut. Comme elle, ils ont entre 70 et 99 ans et exposent leurs œuvres dans les jardins de la Villa Simone à Six-Fours. Le vernissage a eu lieu mercredi et les tableaux resteront durant trois semaines. « C’est une occasion pour les familles de venir découvrir les productions de leurs proches », souligne Julien Gaglione, animateur à la fondation Lelièvre.

Cette exposition réunit plusieurs dizaines de tableaux des habitants des résidences autonomie gérées par le Centre communal d’action sociale (CCAS): la résidence Faraut et la fondation Lelièvre. Les résidents exposent des œuvres réalisées durant des ateliers d’arts plastiques dirigés par Jean-Sébastien Balloco, médiateur culturel pour la Ville. « Nous peignons autour de thèmes. Aujourd’hui, c’est une rétrospective, les tableaux sont sur le thème des animaux et des portraits », explique t-il.

« On passe un très bon moment parce qu’en même temps on discute, on chante, on fait les fous comme des gamins », sourit Mady Brenner. En effet, ces ateliers permettent aux personnes âgées de se divertir, mais pas seulement. « Cette activité cultive leur engagement pour arriver à une finalité. Ils ne peignent pas seulement pour passer le temps, c’est aussi pour qu’ils progressent », développe Julien Gaglione. Chaque résident participe à une ou plusieurs peintures exposées. Sous chacune d’elles, on lit le nom et l’âge de l’artiste.

« Il n’y a pas d’âge pour créer »

« Le but, c’est de mettre en valeur les résidents qui ont du talent. Nous nous sommes dit : certains aiment dessiner, donc faisons-les dessiner et allons jusqu’au bout de la démarche en exposant leurs œuvres », raconte Mireille Imbert, directrice du CCAS. Pour certains résidents, l’art est une véritable passion. Lucien Joseph, résident de Faraut, a ramené deux œuvres supplémentaires qu’il a peintes sur son temps libre. « À la maison, j’ai au moins 35 autres tableaux », sourit-il. Jean-Francis Begot, lui, a ramené plusieurs carnets de croquis dans lesquels il dessine quotidiennement. « Je dessine tout ce que je vois », explique-t-il.

Les animateurs des résidences autonomie soulignent aussi que cet événement est organisé pour cultiver la confiance en soi chez les résidents. « L’objectif est multiple: c’est de maintenir leurs capacités, c’est aussi la valorisation de ce qu’ils font. Le but, c’est qu’ils continuent d’être dans le présent. Il n’y a pas d’âge pour créer », affirme l’animateur de la fondation Lelièvre. « Nous avons tendance à voir les personnes âgées seulement à 80 ans, alors qu’elles ont vécu, elles ont eu des passions, et le but, c’est de les raviver », complète Mireille Imbert.


Le Rotary club est partenaire de l’événement et a offert des sachets de friandises. Photo E. A..

Un événement intergénérationnel

Les résidents n’étaient pas les seuls conviés à ce vernissage. Les enfants du centre aéré Jaumard étaient aussi présents. L’objectif: créer un lien intergénérationnel. « Ça permet un échange entre les enfants et les résidents. Ils peuvent raconter leur histoire de vie, ce qu’ils aimaient avant, ce qu’ils font aujourd’hui », explique Mireille Imbert. Pour l’occasion, les enfants et les personnes âgées ont partagé un repas servi dans le jardin de la Villa Simone. « Nous avons installé des tables rondes pour qu’il y ait un vrai mélange entre les résidents et les enfants », précise Julien Gaglione.

Les élèves du centre aéré Jaumard étaient tous d’accord: « Les tableaux sont très jolis. » De plus, certains apprécient le cadre comme Emilio: « C’est un bel espace naturel; c’est apaisant. » Pour Julien Gaglione, c’est une victoire. « Ça fait réfléchir les enfants de voir qu’à 98 ans, ils arrivent toujours à réaliser de telles œuvres « , affirme-t-il.

Cette dimension intergénérationnelle pourrait être d’autant plus importante dans le futur. « Nous pouvons imaginer plus d’intergénérationnel pendant les ateliers, par exemple », avance Jean-Sébastien Balloco.