Dans un bref message, la famille de la jeune fille tuée par un élève de son établissement appelle à faire bouger les lignes. La nouvelle attaque mortelle en Haute-Marne fait écho à l’histoire survenue à Nantes il y a un mois et demi.
Mardi, une surveillante a été poignardée par un élève de son collège situé à Nogent (Haute-Marne). Cette attaque mortelle survenue fait douloureusement écho à l’assassinat de Lorène, à Nantes, un mois et demi plus tôt. Le 24 avril, la jeune fille a été tuée de 57 coups de couteau par un adolescent de son lycée.
«Malheureusement, ça nous conforte à nouveau dans la nécessité de faire bouger les lignes», ont réagi les parents de Lorène, dans un message publié sur la page de la cagnotte qu’ils avaient lancée à destination de l’aide psychologique à l’enfance, et dont le montant dépasse désormais les 58.000 euros. Le couple évoque un «drame qui laisse une nouvelle famille meurtrie, des adolescents et une équipe éducative traumatisés… et qui prouve le manque d’accompagnement des jeunes dans le domaine de la santé mentale sur les aspects de la prévention, de la détection et du soin en France». Ils estiment que «le besoin d’accompagnement en psychiatrie est criant».
Santé mentale
Dans le cas nantais, l’auteur des faits, Justin P., qui a blessé trois autres jeunes, présente un profil complexe. Décrit comme solitaire, fasciné par Hitler, il s’est rendu plusieurs fois à la maison des adolescents de Nantes, lieu d’écoute et de soutien dédié aux 11-21 ans, avant de passer à l’acte. Le jour du drame, il a été interpellé mais sa garde à vue a été levée afin qu’il soit interné en hôpital psychiatrique, où il se trouve toujours actuellement.
Quant à Quentin G., scolarisé à Nogent, celui-ci a été placé en détention provisoire et mis en examen pour «meurtre sur une personne chargée d’une mission de service public». Durant sa garde à vue, il a déclaré avoir voulu tuer une surveillante, «n’importe laquelle», a indiqué le procureur de la République de Chaumont, Denis Devallois, décrivant un jeune homme «sans compassion», «fasciné par la violence» et «en perte de repères». En revanche, il n’aurait présenté «aucun signe évoquant un possible trouble mental». Dans un communiqué transmis à l’AFP, Antoine Chateau, l’avocat du mis en cause, a annoncé se dissocier «de certaines affirmations faites» par le procureur, insistant sur la nécessité de mener à bien des expertises psychologiques et psychiatriques.
«Les portiques de sécurité ne construiront un monde plus sûr»
Ces deux affaires ont ému la France entière et relancé certaines pistes pour endiguer la violence des mineurs. Invité de TF1, le premier ministre François Bayrou s’est dit favorable à l’expérimentation de portiques permettant de détecter les armes à l’entrée des établissements. «Ça va participer à répandre dans l’esprit de tous les élèves et leurs parents l’idée que le couteau est interdit, parce qu’il est dangereux, y compris pour celui qui le porte», a défendu le maire de Pau.
Cette idée n’est pas nouvelle. En mai déjà, le chef d’établissement de Notre-Dame-de-Toutes-Aides, théâtre du drame nantais, s’était érigé contre cette idée dans un message sur LinkedIn. «Ce ne sont certainement pas des portiques de sécurité qui construiront un monde plus sûr. Ce sont les valeurs que nous transmettons chaque jour : le respect, la fraternité, l’écoute, la solidarité, le partage, la responsabilité, la vie… Ce sont les postures d’adultes que nous montrons à nos jeunes ; nous avons la responsabilité de leur offrir des repères dignes et solides, pour les encourager à se construire sainement. Voilà les vrais sujets qu’il nous faut poser», avait soutenu Pierre Cappelaere, à l’instar d’autres acteurs éducatifs. Parmi les pistes envisagées par l’exécutif se trouvent aussi le sujet de la santé mentale, ou encore l’interdiction de vente des couteaux et des réseaux sociaux pour les plus jeunes.