Vingt ans après avoir été révélée avec Douze Fois par an, opus couronné d’une Victoire de la musique en 2005, la chanteuse-pianiste livre avec Jeanne son album le plus abouti. Car tout sonne juste à la lumière des arrangements précis, riches et subtils de Benjamin Biolay, qui l’éclaire de façon crue, douce ou tamisée. Qu’elle évoque l’amour fantasmé («Jean »), les désirs avoués («la Maman et la Putain ») et les plaisirs solitaires assumés («Hitachi Magic Wand »), les paroles largement autobiographiques de Jeanne Cherhal s’épanouissent et s’offrent, entre les cordes et les cuivres, un costume plus seyant, sensuel et entraînant.
Et lorsque l’artiste engagée – qui appelait déjà en 2018 à participer aux marches contre les violences sexistes et sexuelles – évoque les violences faites aux femmes (« Sous les toits ») et la dépression (« La vie est trop courte »), le cœur se serre. Rencontre avec une artiste en pleine expansion, libre et sincère.
C’est la première fois que vous publiez un album autoproduit. À quel besoin cela répondait-il ?
Je n’ai pas trouvé d’écho suffisamment fort au sein d’un label, et je n’avais pas envie d’avoir à convaincre des gens tièdes. Mon producteur de spectacle, Pierre-Alexandre…