Invaincus cette saison à domicile, les Bayonnais ont eu raison de l’ASM ce vendredi, à Jean-Dauger, lors du premier barrage. Qualification qui ne souffre d’aucune contestation.
Beaucoup d’eau et autant d’émotions. L’Aviron bayonnais s’est qualifié, sous une pluie battante, pour les demi-finales du Top 14 en dominant Clermont (20-3) vendredi, à Jean-Dauger. Les Basques terminent donc la saison invaincus dans leur antre et défieront Toulouse, vendredi prochain (21h), au Groupama Stadium, pour une place en finale.
La force basque fait la différence
Secoués d’entrée par des Clermontois rugueux et solides en conquête, les Bayonnais ont mis dix bonnes minutes à se réveiller pour enfin déployer leur premier mouvement d’envergure. Mais trop d’imprécisions et de petites fautes venaient gâcher leurs initiatives. Ils s’en remettaient alors à leur buteur Segonds, qui passait deux pénalités (19e, 34e) et un drop (23e). En face, Urdapilleta laissait deux munitions en route (5e, 38e). Les joueurs de Grégory Patat dominaient les débats (212 m gagnés en première période contre 50, 68 courses contre 18), mais ils manquaient cruellement d’efficacité (9-3 MT).
Une domination bayonnaise qui s’accentuait au retour des vestiaires, sans que l’Aviron ne creuse l’écart, notamment à cause d’incessantes pertes de balle en touche. Avant que Tom Spring ne trouve enfin la faille en bout de ligne et libère un stade Jean-Dauger en fusion (14-3, 56e). Un énorme cafouillage dans l’en-but du Bayonnais Tieberghien (63e), sur un renvoi contré, glaçait ce bel enthousiasme mais, comme le chantait le public gentiment chambreur, «y’a pas essai». Jusqu’au coup de sifflet final, la domination des coéquipiers de Camille Lopez (entré au relais de Joris Segonds) était sans partage. À cinq minutes du terme, Jean-Dauger scandait déjà : «On est en demie, on est en demie !». Une soirée historique pour Bayonne.
Un Jean-Dauger des grands soirs
Un stade en fusion, toute une ville en feu et une région qui pousse derrière son équipe. L’Aviron bayonnais disputait vendredi le premier match de phase finale de Top 14 de son histoire. Retrouvant le goût et la fièvre des matches à élimination directe pour la première fois depuis 33 ans. L’attente était évidemment forte, enflammée, passionnée. Les fortes pluies qui se sont abattues sur le Pays basque ont failli reporter les festivités, mais, finalement, ce barrage face à Clermont a finalement bien au lieu. Sous des régulières trombes d’eau. Dans une ambiance volcanique qui a commencé aux abords du stade dès la bouillante arrivée des joueurs jusqu’à la vibrante Peña Baiona, le célèbre hymne du club repris à pleins poumons devant les joueurs alignés au centre du terrain. Frisson basque garanti. Si le spectacle n’a pas été au rendez-vous ensuite, en grande partie à cause des conditions météo, les supporters basques ont constamment poussé derrière leur équipe. Jusqu’au «happy end» et cette qualification pour le dernier carré. La fête était totale, les chants se multipliaient dès les dix dernières minutes du match. Il reste une semaine, désormais, au peuple basque pour s’organiser et aller donner de la voix à Lyon.
Clermont, encore un jour sans
Devenue une équipe phare du rugby français depuis le début du siècle, l’ASM était dans le creux de la vague ces dernières saisons. Jeu en berne, inconstance chronique, les maux des Jaunards étaient connus. Mais cette saison, sous l’impulsion de Christophe Urios, le club double champion de France (2010, 2017) retrouvait, lui aussi, les phases finales après quatre ans de disette. Tout n’a pas été rectiligne, tout n’a pas été simple pour les Clermontois, qui ont connu une série noire historique de cinq revers d’affilée en début d’année, mais ils ont su redresser la tête et bomber le torse pour décrocher leur billet pour le Top 6 (cinq victoires lors des sept dernières journées). Urios, fortement critiqué, a su remobiliser ses troupes et faire parler son expérience pour disputer un 7e barrage depuis ses débuts d’entraîneur principal à Oyonnax, en 2015. Mais, vendredi, la marche était trop haute. Les Jaunards n’ont pas réussi à déployer leur jeu et, pire, ils ont constamment subi lors de ce barrage. Un jour sans, leur problème récurrent.
Le Petit Poucet contre l’ogre toulousain
La belle aventure des Bayonnais (qui n’ont retrouvé l’élite qu’en 2022 !) continue. Et il va vite falloir se remobiliser pour la demi-finale qui les attend au Groupama Stadium de Lyon, face à Toulouse. Un défi colossal face à l’armada des Rouge et Noir, qui a eu une semaine pour se préparer et se régénérer. Début novembre, les coéquipiers d’Arthur Iturria avaient frappé un grand coup en s’offrant le scalp des Toulousains à Jean-Dauger (12-8). Avant de subir, au match retour en février, une lourde défaite à Ernest-Wallon (41-6). Cette fois, les compteurs seront remis à zéro. Les Basques vont-ils faire un complexe face au club le plus titré de France, qui sera archifavori ? L’Aviron, champion de France en 1913, 1934 et 1943, s’est donné à nouveau le droit de rêver. Et il n’aura rien à perdre, sa saison est déjà exceptionnelle.