Olivier Faure, vous avez été réélu à la tête du parti avec 50,9 % des voix. Est-ce une victoire en demi-teinte ou une manifestation de la division qui règne au PS ?
« Non, il n’y a absolument pas de division. Je sais bien que c’est le récit que la presse produit. Mais la réalité, c’est que j’ai été élu dans les mêmes proportions qu’il y a deux ans à Marseille et que, pendant ces deux ans, vous n’avez pas entendu une seule fois parler de division. Pour preuve, quand nous avons voté les propositions que j’ai pu faire sur le programme des européennes, sur la liste des européennes, sur l’adhésion ou même la création du nouveau Front populaire, sur la censure du gouvernement Barnier, sur le sursis probatoire accordé à François Bayrou sur son budget, tout a été adopté à l’unanimité ou quasiment à l’unanimité. C’est vous dire que la fracture est en partie artificielle, même si elle se rejoue à chaque congrès. La réalité, concrète, quotidienne, c’est un parti qui fonctionne et un parti où nous avons su produire de l’unité. »
Beaucoup disent que le PS est moribond. Que leur répondez-vous ?
« Je sais bien qu’on dit que le PS est moribond, ça fait des années. Vous avez même eu un livre qui s’appelait « Le grand cadavre à la renverse ». Très bien. Mais, le cadavre ne se porte pas si mal finalement. Il y a trois mois, les mêmes expliquaient que nous étions en plein renouveau. Pourquoi ? Parce que nous avions refusé de censurer le gouvernement Bayrou. Nous sommes vraiment fringants quand nous sommes perçus comme des soutiens de la droite macroniste. En revanche, quand on s’oppose à elle, là, on redevient des mourants. Je ne sais pas très bien quelle version il faut choisir. Ce que je sais, en revanche, c’est que notre parti n’est pas près de disparaître. Tant qu’il existera des discriminations, des injustices, des inégalités, il y aura des socialistes pour les combattre. »
Pourquoi une coalition de gauche semble-t-elle impossible ?
« Des gens le voudraient. Ce n’est pas mon cas. Moi, je crois que c’est possible. J’ai dit qu’elle pouvait aller de Raphaël Glucksmann (Place publique) à François Ruffin (ex-LFI). Pourquoi ? Parce que vous avez, aujourd’hui, la France insoumise, un leader, Jean-Luc Mélenchon, qui se refuse à toute forme de coalition démocratique dans laquelle il pourrait se fondre et accepter l’idée de l’altérité. Donc, je veux une coalition qui se construise avec ceux qui sont prêts à vivre ensemble selon des règles démocratiques. Et je crois que cette version-là de la coalition, elle est tout à fait plausible. Et non seulement elle est plausible, mais je la crois même gagnante potentiellement en 2027. »
Quelle est la prochaine étape pour le PS ?
« La vraie étape pour le parti, c’est de redéfinir son projet. Et moi, je veux le rebâtir autour de deux idées phares que sont à la fois la réhumanisation et la réconciliation. Nous avons besoin, aujourd’hui, de sortir de ce mécanisme qui transforme chacun d’entre nous en simple rouage d’un capitalisme exacerbé où nous sommes appelés à le servir, soit comme producteur, soit comme consommateur. »
Comment faire pour que la gauche ait une chance à la présidentielle ?
« Il faut qu’elle soit elle-même. Qu’elle arrête de vouloir ressembler à la droite pour pouvoir exister. Il faut qu’elle se rassemble. Il faut qu’elle croie aussi en ses capacités. Il faut que s’achève le bal des ego. Cet avenir n’est pas tracé, mais il est possible. »
Qui voyez-vous pour incarner le PS à la présidentielle ?
« Moi, je veux prendre les choses dans l’ordre. D’abord, commencer par une plateforme commune. On va bâtir un projet socialiste, sur la base duquel nous irons négocier une plateforme commune avec l’ensemble de la gauche et des écologistes. Après, nous chercherons celui ou celle qui sera la meilleure incarnation de ce projet et pourra fédérer cet espace-là. En tout cas, je ferai tout pour que nous ne vivions pas une victoire de l’extrême droite. »