A l’audience, le nom du footballeur sera sur toutes les lèvres. Layvin Kurzawa, 32 ans, sera pourtant absent, ce vendredi, au tribunal judiciaire de Paris. L’ancien international Français a, en effet, été mis hors de cause par l’enquête. Mais c’est, semble-t-il, pour protéger l’image de marque de ce client célèbre que deux physionomistes d’une boîte de nuit ont violenté un touriste canadien de 37 ans au printemps dernier. Les deux hommes sont jugés devant la 28e chambre pour « violences en réunion ayant entraîné une incapacité de travail n’excédant pas 8 jours ».

Les faits remontent au 30 mai 2024, au petit matin. Vers 5 heures, la victime attend un VTC en téléphonant devant « le Boum Boum », un club situé avenue de Friedland, dans le 8e arrondissement. Il échange en visio avec l’une de ses amies et se filme avec la caméra de son portable. Soudain, un homme, visiblement très énervé, lui demande son appareil pour voir les vidéos qu’il contient. Il ne l’a pas reconnu, mais il s’agit de Layvin Kurzawa, le latéral gauche du club de la capitale qui vient d’annoncer son départ. « Mon client ne le connaissait même pas puisqu’il ne s’intéresse pas au PSG », explique à 20 Minutes l’avocate du touriste canadien, Me Soraya Nouar.

4 jours d’incapacité de travail

Le joueur est persuadé d’avoir été filmé à son insu par la victime qui refuse de lui montrer le contenu de son téléphone. Plusieurs hommes surgissent, étranglent le Canadien et le font chuter au sol. L’un de ses agresseurs lui tient le bras tandis qu’un autre le force à déverrouiller son téléphone pour examiner son contenu. Aucune trace, à l’intérieur, de la moindre vidéo ou photo de Layvin Kurzawa. Rassurés, ils préviennent le joueur du PSG, lâchent la victime et quittent les lieux après lui avoir rendu son appareil.

Le lendemain, le trentenaire dépose plainte. Il déclare avoir été légèrement blessé aux bras, au coude et au visage. Examiné par un médecin, il se voit reconnaître 4 jours d’incapacité de travail. Le parquet de Paris ouvre une enquête pour violences en réunion avec une ITT inférieure à huit jours. Les investigations sont confiées au commissariat des 5e et 6e arrondissements de Paris. En juillet 2024, Layvin Kurzawa et son chauffeur sont entendus librement par les enquêteurs.

Les enquêteurs privés « d’un élément déterminant »

Finalement, le footballeur est mis hors de cause. L’examen des images de vidéosurveillance et les témoignages recueillis désignent comme auteurs des faits deux personnes qui travaillent au « Boom Boom ». « Le club a privé les enquêteurs d’un élément déterminant : la seule bande vidéo de la caméra orientée vers la scène de violence soi-disant inexploitable », regrette cependant Me Nouar.

À l’approche du procès, son client « souhaite que lumière soit faite sur les circonstances de son agression ». « Si tous les protagonistes n’ont pas été identifiés et si Layvin Kurzawa n’a pas été poursuivi, il n’en reste pas moins que ce passage à tabac s’est déroulé en sa présence, celui de son entourage et des agents de sécurité du club qui ont tous contemplé la scène sans intervenir ni tenter de lui porter assistance, comme s’il était acquis, voire habituel, que de telles violences soient permises pour satisfaire les intérêts personnels d’un client VIP », déplore l’avocate. Les prévenus encourent trois ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende.