Le Parti socialiste, toujours aussi divisé après la victoire étriquée d’Olivier Faure au poste de premier secrétaire, peut-il se rassembler? C’est la question à laquelle le 81e congrès du PS, entamé vendredi à Nancy, va tenter de répondre.
Les socialistes ont jusqu’à dimanche pour essayer de donner une image d’apaisement et d’unité, malgré la courte victoire d’Olivier Faure le 5 juin avec 50,9% des voix (chiffres provisoires qui seront actualisés samedi), devant le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol.
Juste avant d’arriver en gare de Nancy, le premier secrétaire a d’ailleurs été félicité de sa victoire par le contrôleur du TGV, qui a pris le micro pour annoncer sa présence à bord et lui souhaiter « un bon congrès ».
La question est notamment de savoir si celui qui a été réélu pour la quatrième fois, mais que ses opposants taxent d’une « gestion clanique », ouvrira la direction du parti à ses concurrents.
« Je suis ouvert à ce que la direction compte dans ses rangs des gens issus des différents orientations. Ça ne me gêne absolument pas, à une condition, c’est que le débat tranché par le congrès reste tranché par le congrès. On ne rejoue pas le congrès toutes les semaines », a prévenu Olivier Faure, interrogé par l’AFP.
Car l’objectif est de ne pas rééditer le catastrophique congrès de Marseille en 2023, où les deux camps s’étaient déchirés pendant plusieurs jours.
« L’heure est au rassemblement », a proclamé la maire de Nantes, Johanna Rolland, proche d’Olivier Faure, affirmant que « l’état d’esprit de la direction » était de « tendre la main ».
Mais Nicolas Mayer-Rossignol semble vouloir jouer le bras de fer, et ses partisans affirment que rien n’est tranché.
« En démocratie, la majorité c’est 50 + 1 », a rétorqué Johanna Rolland.
Le maire de Rouen a posé ses exigences. Il réclame une « synthèse commune » des trois textes d’orientation qui se sont affrontés: celui d’Olivier Faure, le sien et celui de Boris Vallaud, le chef des députés socialistes, arrivé troisième.
Olivier Faure se montre sceptique: « Faire la synthèse sur leur texte, ça n’a pas de sens, sinon ça ne sert à rien de faire une élection », glisse-t-il en privé.
Nicolas Mayer-Rossignol exige aussi que le PS affirme qu’il n’y aura « pas d’alliance avec LFI, ni aux municipales, ni aux législatives (même en cas de dissolution), ni aux présidentielles à venir ».
Olivier Faure a assuré jeudi que le PS n’irait « pas derrière Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle » et qu’il n’y aurait pas d’accord national aux municipales avec les Insoumis.
Pas suffisant pour le maire de Rouen, qui estime que « l’ambiguïté demeure ».
D’autant qu’en privé, le premier secrétaire reconnait qu’en cas de risque de majorité d’extrême droite à l’Assemblée, il préférera « faire un accord avec Mélenchon que d’avoir Bardella au pouvoir ».
– Être « audibles pour les Français » –
Partisan d’une « affirmation socialiste », pour 2027, Nicolas Mayer-Rossignol est réticent à l’élaboration d’une primaire pour la présidentielle, alors qu’Olivier Faure défend une plateforme programmatique allant de Raphaël Glucksmann à François Ruffin, en vue d’une candidature commune.
« Sur la stratégie, nous ne voulons pas choisir entre l’union de la gauche et l’affirmation », a pour sa part souligné Boris Vallaud, qui se veut garant de l’unité.
Signe que le rassemblement est loin d’être fait, la présidente d’Occitanie Carole Delga, farouche opposante d’Olivier Faure, a prévenu qu’elle ne serait pas à Nancy. La maire de Paris Anne Hidalgo est également absente, tout comme François Hollande qui avait appelé à un changement de direction.
Pour rassembler le parti, Johanna Rolland a mis en avant trois enjeux: la bataille des municipales, qui est « la bataille première pour tous les socialistes »; la rénovation et modernisation du parti (avec notamment la mise en place du vote électronique); et l’objectif de redevenir « audible pour les Français ».
Les socialistes devront par ailleurs tenter de se mettre d’accord sur deux sujets: y aura-t-il des motions de censures du PS à l’issue du conclave sur les retraites et sur la préparation du budget?
« Nous ne sommes pas l’assurance-vie de François Bayrou », a déjà prévenu Olivier Faure. Mais certains de ses opposants refusent de déstabiliser davantage l’exécutif.
« Le PS c’est comme Astérix: on s’est un peu bagarré, on s’est mis quelques coups de poissons sur la tête, mais à la fin on se retrouve autour du banquet », assure le député Arthur Delaporte.
D’ici le banquet, les discussions s’annoncent serrées.
publié le 13 juin à 19h00, AFP
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