Dans l’équipe de campagne de Martine Vassal pour l’élection municipale de Marseille, en 2020, Romain Brument avait été propulsé référent « écoles ». Une position idoine pour ce professeur d’histoire-géo exerçant dans un collège des quartiers Nord. Devenu conseiller métropolitain (LR) et conseiller d’arrondissement en charge des écoles de la mairie des 13e/14e gérée par Marion Bareille (LR), le même Romain Brument était un an plus tard en première ligne lors d’une manifestation organisée devant le collège Jacques Prévert (13e). « Dans nos quartiers, c’est le règne de la peur. Les parents renoncent à témoigner ou à porter plainte car les délinquants entretiennent cette peur en menaçant ouvertement quiconque serait tenté de les dénoncer. C’est aussi le règne de l’indifférence, avec des enfants qui grandissent dans un espace saturé de violence au point que celle-ci en est devenue presque normale », dénonçait le fonctionnaire à la tête d’un collectif baptisé « Pas de quartier pour l’insécurité ».
Il n’a pas fait appel de son jugement
Des paroles qui résonnent étrangement, aujourd’hui, au regard des faits de « violence sur conjointe en présence d’un mineur » pour lesquels Romain Brument, 41 ans, a récemment été jugé et condamnés à 4 mois de prison avec sursis. Une peine contre laquelle l’élu débauché par le Rassemblement national (RN) en octobre 2024 n’a pas interjeté appel.
À l’origine de ce jugement, une plainte déposée en juillet 2024 par son ex-compagne, P., une cadre commerciale de 39 ans : « Pendant une dizaine d’années, j’ai subi des violences physiques tel que des coups de pied, coups de poing, étranglement, tirage de cheveux, etc. Les violences physiques ont commencé globalement un mois après notre rencontre courant été 2011, et jusqu’à notre séparation vers début 2021 […] Les violences psychologiques ont commencé dès le début de notre relation et encore à ce jour elles continuent », s’était-elle effondrée devant les enquêteurs.
Et de décrire des scènes glaçantes, dont ce jour de 2013 où elle a « vraiment cru mourir » : « Il a saisi un couteau que j’avais pris dans la cuisine pour me protéger des violences et il m’avait menacé en me mettant le couteau de cuisine sous la gorge et en me bloquant par terre sur le carrelage de la cuisine. » À la suite de cette agression, P. s’était vue prescrire 4 jours d’ITT. Photos et certificat médical à l’appui. « Ma mère a déjà été témoin de certaines violences », a-t-elle précisé. Entendus en audition, les deux enfants du couple ont également confié avoir assisté à des événements similaires.
Couteau de cuisine sous la gorge
La décision de la cadre commerciale de porter l’affaire devant la justice, trois ans après la séparation du couple, avait été motivée par un nouveau coup de sang de Romain Brument lors d’un échange de garde d’enfant. « Ce jour-là, il s’est caché dans un garage et est sorti d’un coup du noir pour l’agonir d’insultes alors qu’elle avait leur enfant au bras. Ça a été un déclic. Elle a compris que ça ne s’arrêterait jamais et qu’elle devait porter plainte », confie Me Thomas Tribot, son avocat. Devant le tribunal correctionnel, le 25 avril dernier, alors que Me Tribot plaidait pour une requalification du dossier en « violences habituelles sur conjoint », seules des violences datées du 31 décembre 2020 (sans ITT) – en présence de la fille aînée du couple – ont finalement été retenues.
Une « jalousie maladive »
Ce soir de la Saint-Sylvestre, Romain Brument est accusé d’avoir frappé sa compagne avant de lui jeter son téléphone à la figure. S’il a reconnu la survenance de crises au début de leur relation, liées, dixit la partie civile, à une « jalousie maladive« , et au fait qu’il ne supporte pas que son épouse « gagne plus que lui », Romain Brumet a assuré pendant l’instruction que la situation s’était rapidement apaisée grâce à la consultation d’un thérapeute. Il a également nié avoir porté un coup le 31 décembre. Contacté, il maintient : « C’est une histoire un peu pénible. Une dispute qui a mal tourné. Mon ex-femme était dans un état d’alcoolémie avancé. Il y a juste eu un moment où il y a eu ce coup d’énervement, j’avais ce téléphone en main, je l’ai balancé, il est arrivé malheureusement sur son visage. Mais il n’y a jamais eu de violences répétées. ». Et d’évoquer une sorte de cabale : « On m’a chargé. C’est comme par hasard au moment où je change de parti politique. »
Dans ce dossier, Romain Brument s’est également vu imposer l’obligation d’effectuer un stage de responsabilisation pour les auteurs de violences conjugales, une interdiction d’entrer en contact avec son ex-épouse et à une amende de 500 euros. L’élu RN devra, en outre, verser 1 euro à sa fille, également partie civile. « Mais à ce jour, pointe Me Tribot, le condamné ne respecte pas son interdiction d’entrer en contact et ne s’est acquitté d’aucune de ses condamnations. »