Posted On 14 juin 2025

Poussée par un démarrage de campagne en trombe d’Alain Carignon, la candidate (pour l’instant) non officielle de Piolle, Laurence Ruffin, sort un peu plus du bois et confirme que les Verts sont incapables de se réinventer, seulement bons à recopier les mêmes recettes, sans recul sur leurs 12 années de mandat.

LE MÊME PROFIL QUE PIOLLE

Le profil de la future candidate est déjà un copié collé de celui du candidat Piolle en 2014 : cadre du privé à la fibre forcément sociale (le futur Maire avait bricolé l’histoire de son départ d’HP par refus d’un plan social, Laurence Ruffin est PDG d’une entreprise lucrative mais c’est évidemment une SCOP), qui multiplie les poncifs sur l’écologie, et qui fait don de sa personne à la collectivité en sacrifiant son niveau de vie pour se lancer en politique, gommant toutes les zones d’ombres de son parcours au passage.

EN CAMPAGNE, ILS SONT À L’ÉCOUTE…

Le seul profil copié collé ne suffisait pas : les sortants dupliquent également les méthodes de campagne. Dans le Dauphiné, Laurence Ruffin s’affiche ainsi tout sourire aux côtés de « Grégoire, Pascal, Apolline, Nicolas » (ils n’ont pas de nom de famille), une « équipe d’écoute » pour aller recueillir la parole des Grenoblois sur la manière dont ils vivent la ville et quelles sont leurs aspirations. Equipe formée par une association parisienne, évidemment proche des Verts, qui use des mêmes ficelles dans la capitale. 

… MAIS AU POUVOIR, ILS MÉPRISENT LES GRENOBLOIS

C’est joyeux comme la campagne de Piolle en 2014. On se rappelle des candidats Verts tout sourire, qui de la même manière que cette équipe d’écoute allaient à la rencontre des Grenoblois, et revendiquaient déjà la co-construction comme engagement numéro 1. On a vu ce qu’il en était après deux mandats, des Grenoblois méprisés comme jamais en étant écartés de toutes les grandes décisions, ce qui nous mène à des mobilisations citoyennes sans précédent pour fustiger l’absence de dialogue avec la municipalité.

LA MÊME ARRIÈRE-BOUTIQUE POLITICIENNE

Derrière cette opération électorale d' »écoute active des grenoblois », on retrouve la même arrière-boutique qui tient la ville : les Verts, évidemment, mais surtout l’ADES, l’officine plus rouge que verte de Raymond Avrillier et Vincent Comparat. Ce sont les véritables parrains de cette municipalité, aux affaires depuis 30 ans, d’abord comme alliés du PS puis de leurs propres ailes en propulsant l’alliance Verts/LFI en 2014. Les membres du clan ont exercé toutes les fonctions à la ville comme à la métro (urbanisme, logement, social…) et sont de fait les premiers artisans de la funeste trajectoire de Grenoble.

L’ADES tente de faire émerger Laurence Ruffin depuis des mois. En début d’année, tentative d’organisation d’une réunion sur la santé avec leur future candidate en intervenante… réunion avortée : les quelques participants sont restés à la porte car les champions de l’organisation n’avaient pas les clés de la salle ! 
LE MÊME FAUX « RÉSEAU CITOYEN »

Pour donner un vernis moins politicien à toute cette affaire, on retrouve également le faux « Réseau Citoyen », nébuleuse groupusculaire constituée de vrais militants politiques évidemment issus d’un seul bord de l’échiquier. À l’époque animés par l’adjoint Pascal Clouaire (exclu pour avoir émis des réserves sur la hausse d’impôts), ces vrais faux citoyens ont soutenu Piolle le doigt sur la couture quelles que soient ses décisions, avalant toutes les couleuvres y compris celles contraires à leurs prises de positions officielles.

LHEUREUX ET BELAIR ÉCARTÉES…

Il est intéressant de noter qu’aux côtés de son équipe de militants, Laurence Ruffin s’affiche seule dans le Dauphiné. Comme si elle était déjà la candidate des Verts/ADES. Pourtant, officiellement, les militants écolos ont désigné trois « cheffes de file » : Ruffin, mais également les adjointes Lucille Lheureux et Margot Belair. Ces deux purs produits de la municipalité sortante, au cœur du réacteur piollesque, disparaissent de la photo.

… JUGÉES INDIGNES DE LUI SUCCÉDER

Le système a tranché : pour que rien ne change, il faut planquer derrière ce qui rappelle trop le règne de Piolle. Belair (adjointe au secteur 4 inconnue des habitants puis ridicule adjointe à l’urbanisme qui n’a aucune connaissance du sujet) et Lheureux (adjointe à la propreté puis adjointe à la culture : une hécatombe dans les deux cas) sont mises au placard. Le message est violent : elles ont beau avoir dévoué des années au service de Piolle, elles ne sont pas jugées au niveau pour prétendre lui succéder.

margot belair grenobleMargot Belair, adjointe à l’urbanisme


Margot Belair et Lucille Lheureux, les dindons de la farce piollesque.

« RUPTURE D’INCARNATION MAIS PAS DE LIGNE »

D’où ce tapage autour de Laurence Ruffin, qui cumule l’avantage d’être parfaitement contrôlable par les Verts/ADES pour perpétuer leur système et conserver leurs postes, tout en étant pas issue de la majorité sortante. Elle peut donc donner l’illusion de la nouveauté pour tromper les Grenoblois. Une « rupture d’incarnation mais pas de rupture de ligne », résumait dans Libération un stratège Piolliste il y a quelques mois.

LES GRENOBLOIS « SE LÂCHENT UN PEU SUR ERIC PIOLLE »

Mais le recopiage de la recette gagnante de 2014 a ses limites. Entretemps, 12 années de pouvoir se sont écoulés pour les Verts/LFI. Et avec elles, une montée croissante de la déception puis du ras-le-bol face à une équipe de plus en plus usée et autoritariste. Même les équipes militantes qui partent sonder les habitants sont obligées de le reconnaitre : « bien sûr qu’ils se lâchent un peu sur Éric Piolle » expliquent-ils dans le Dauphiné quand ils évoquent la teneur de leurs échanges avec les Grenoblois…

LE MATCH RUFFIN / CARIGNON COMMENCE

… avant d’ajouter qu’on leur demande aussi parfois d’emblée si ils viennent « du camp d’en face, celui d’Alain Carignon ». Rien de surprenant puisqu’il s’agit du candidat qui a la plus grande notoriété, et donc que les Grenoblois placent en tête lorsqu’il s’agit de désigner qui ferait un bon Maire, comme l’a montré le sondage de l’institut IPSOS paru le mois dernier.

Le match a le mérite d’être déjà posé : les sortants autour de Laurence Ruffin qui reprennent exactement les mêmes ficelles, ou le rassemblement autour d’Alain Carignon pour changer clairement d’orientation et renouer le dialogue avec les Grenoblois. Le reste n’est que littérature, sans prise avec la réalité de Grenoble.