Par

Julien Sournies

Publié le

14 juin 2025 à 6h10

Clap de fin pour ce lieu iconique du monde de la culture à Grenoble (Isère). Après plus de 27 ans d’existence au sein du parc Paul-Mistral, niché aux abords de l’Hôtel de ville, l’espace culturel et alternatif La Bobine va définitivement fermer ses portes au public le vendredi 20 juin 2025.
Une décision qui fait suite à la procédure de liquidation judiciaire prononcée – non officiellement pour l’heure – par le tribunal de commerce le 5 juin dernier. Pour Marie Coiffard, coordinatrice générale de La Bobine, cette issue était « finalement inévitable ».

« On n’arrivait plus à payer nos factures »

Sur ses réseaux sociaux, en décembre 2024, l’établissement culturel avait déjà tiré la sonnette d’alarme. « La Bobine fait face à un moment très dur […] Nous traversons une crise financière importante depuis de nombreux mois, qui met en danger la survie de l’association », pouvait-on lire.

Mais ce n’est pas faute d’avoir essayé, entre la création d’une cagnotte et la demande de subventions exceptionnelles. « On a tenté de trouver des leviers d’action, mais on s’est rapidement retrouvé en cessation de paiement. On n’arrivait plus à payer nos factures, rappelle Marie Coiffard. C’est pourquoi nous avons demandé une mise en redressement judiciaire pour geler les dettes précédentes. »

Les lieux souvent pris d’assaut ? « Un trompe-l’œil »

À l’issue de ce processus, plusieurs licenciements économiques ont également eu lieu, le nombre de salariés passant de 17 à 11 en seulement quelques mois. Pourtant, le public s’est réuni en nombre ces derniers temps, l’établissement affichant régulièrement presque complet.

Beaucoup de gens nous disent ça, mais au final, c’est un peu un trompe-l’œil. Il faut savoir que nous pouvons accueillir que jusqu’à 300 personnes en salle et 200 au bar. La capacité est quand même nettement plus faible que dans les autres salles.

Marie Coiffard
Coordinatrice générale de La Bobine

Selon la coordinatrice générale des lieux, il n’était en effet pas rare que des soirées se déroulent « sans grand monde. Il y a clairement une baisse d’attractivité du lieu depuis l’avant-covid. Et si on ajoute le fait que nous sommes très dépendants de la météo… », déplore-t-elle.

Un projet de reprise à l’étude ?

À cela, la baisse du pouvoir d’achat, combinée à la nette augmentation des charges, ont définitivement scellé le sort de La Bobine. « Nous avons constaté que le panier moyen du client a baissé de 15 % en l’espace d’un an et de 25 % en deux ans. C’est considérable », ajoute Marie Coiffard.

Et même si « c’était un concept très original au départ », Marie Coiffard ne se voile pas la face. « Si ça ne fonctionne pas, c’est que le modèle économique n’est finalement plus adapté au monde d’aujourd’hui », concède-t-elle. Malgré son pragmatisme, Marie Coiffard ne masque pas son inquiétude.

Quand on voit l’état du monde de la culture aujourd’hui, ça fait vraiment peur pour l’avenir. On se pose plein de questions car on ne sait pas vers quoi on se dirige.

Marie Coiffard
Coordinatrice générale de La Bobine

Quant au futur des salariés ? « Pour le moment, on se retrouve tous sur le carreau, mais on espère que les lieux ne seront pas laissés à l’abandon. En interne, il y a quelques discussions qui naissent pour parler de l’avenir du lieu. Mais en tout cas, on espère qu’il y aura un projet de reprise de la sorte. »

En attendant sa fermeture définitive le 20 juin, La Bobine accueille encore derniers événements à retrouver sur le site internet.

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