Mener une carrière internationale constitue déjà un bon défi, mais être en mesure de le faire dans deux domaines très compétitifs relève d’un exploit que plusieurs peinent à imaginer.

C’est exactement ce que Daenan Kofi Gyimah réussit à faire. Rappeur de Toronto dont la carrière a pris son envol à sa troisième saison dans la NCAA à UCLA, le volleyeur s’alignera avec les champions polonais à l’automne dans ce qui constitue le meilleur circuit professionnel au monde après avoir été absent des courts pendant trois ans.

«C’est complètement fou et une vie unique, a résumé le central de 6 pi 8 po avant l’entraînement de l’équipe canadienne, vendredi. C’est beaucoup de travail, mais je suis béni de pouvoir faire les deux. La musique a toujours fait partie de ma vie. Je jouais du piano quand j’étais jeune et j’ai commencé à écrire assez tôt. Comme tout jeune musicien, j’avais des illusions et je suis content que cela ait fonctionné pour moi. Ma chanson Came Up a donné le ton, et ça ne fait que continuer.»

Parce que la scène torontoise du hip-hop est florissante, Gyimah a rencontré les gros noms et peut compter sur le soutien de Drake. «Il m’a toujours appuyé depuis mes débuts et il ne me donne rien d’autre que de l’amour.»

Une pause de volleyball bénéfique

Après une pause de trois ans de volleyball, Gyimah s’est déniché un contrat en Finlande, en 2022, où il a réussi un exploit qui l’a rendu célèbre, et joué à Sète, dans le sud de la France, l’an dernier. En compagnie du capitaine de l’équipe canadienne, il portera les couleurs du Bogdanka Luk Lubin à l’automne. Ce sont les champions en titre du circuit polonais.

«Cette pause du volleyball où je continuais néanmoins de m’entraîner sérieusement m’a fait grandir comme personne, a-t-il affirmé. J’apprécie maintenant ma vie d’athlète professionnel et la chance de côtoyer des modèles, ce qui n’est pas toujours le cas dans le milieu de la musique, qui n’a pas toujours bonne réputation. J’avais arrêté pour me concentrer à 100% sur la musique et j’ai signé un contrat avec une maison de disques.»

Sa musique dans le vestiaire

La musique de Gyimah joue régulièrement dans le vestiaire de l’équipe canadienne, et des extraits ont été diffusés pendant la séance d’échauffement précédant le match contre l’Argentine, jeudi soir.

Vétéran de l’équipe canadienne qui a roulé sa bosse un peu partout dans le monde au cours de sa carrière, Nicholas Hoag est vraiment impressionné par l’énergie et l’attitude de son coéquipier.

«Je ne sais pas comment il peut mener de front deux carrières aussi exigeantes. J’ai un super respect pour ce qu’il est capable de faire. On a du temps libre au volleyball, mais c’est pour se reposer. Quand il est avec nous, c’est 100% volleyball. Ce n’est pas le meilleur techniquement, mais il apprend un plan de match en un rien de temps parce qu’il est très assidu. Glenn [Hoag] est tombé en amour avec lui quand il l’a entraîné, à son retour de Finlande.»

Pas la grosse tête

Malgré ses succès à l’extérieur du terrain, le central de 6 pi et 8 po est très discret. «Quand il est arrivé, je pensais qu’il serait hautain ou jouerait la grosse tête, comme on peut le voir de certains dans le milieu artistique, mais c’est tout le contraire, raconte Hoag. Il me demande de le corriger sur le terrain, et chaque fois, je suis surpris de son attitude exemplaire.»

Impulsion incroyable de 3 m 90

Si les géants sont monnaie courante dans le monde du volleyball, ceux qui sautent aussi haut que Gyimah ne sont qu’une poignée. «Dans les 20 dernières années, il y a 10 joueurs dans le monde qui ont sauté 3 m 90, souligne Hoag pour mettre en perspective l’exploit de son coéquipier. Un saut de 3 m 60 est considéré comme super haut. Daenan fait 30 cm de plus. En plus, il frappe très vite même s’il est très haut, ce qui donne peu de temps aux défensives adverses de s’ajuster.»

Gyimah a réussi son exploit avant un match. «Parce qu’on ne retrouve pas d’athlètes comme ça en Finlande, l’entraîneur m’a demandé de donner quelque chose aux amateurs avant un match. Sous l’adrénaline, j’ai réussi mon saut de 3 m 90. De façon réaliste, je ne pense pas sauter plus haut. À l’écart du volleyball, j’ai pratiqué beaucoup le kick-boxing et la boxe thaïe, où j’ai développé mon explosivité.»