Il n’aura fallu qu’une soirée pour que l’espoir ne laisse de nouveau place au désespoir. La soirée du jeudi 12 juin était jusque-là synonyme de victoire, avec le retour en France de l’eurodéputée franco-palestinienne, Rima Hassan et du militant écologiste breton Reva Viard. Face à plusieurs centaines de soutiens, toutes et tous rassemblés place de la République (Paris), les deux membres de l’équipage du Madleen – en compagnie du médecin marseillais Baptiste André – ont appelé à maintenir la pression sur Israël, comme sur ses alliés, pour mettre un terme au génocide à Gaza.

La libération, alors prévue pour le lendemain, des trois derniers prisonniers politiques de la Flottille pour la liberté détenus par Tel-Aviv – le journaliste de Blast Yanis Mhamdi (France), les marins Pascal Maurieras (France) et Marco Van Rennes (Pays-Bas) – devait mettre un terme à cette détention illégale. Le gouvernement dirigé par Benyamin Netanyahou en a décidé autrement. Tel-Aviv a bombardé plusieurs régions de l’Iran, dans la nuit du jeudi 12 au vendredi 13 juin. En raison de l’escalade avec Téhéran, qui a promis de répondre militairement à cette attaque, les autorités israéliennes ont décidé de fermer l’espace aérien et d’annuler les vols d’expulsion prévus vendredi 13 juin.

« Israël ne souhaite pas qu’ils sortent »

Les trois prisonniers restent donc incarcérés dans la prison de Givon. « Apparemment, il n’y a plus de contacts possibles, alerte Patrick Maurieras, le frère de Pascal, joint au téléphone par l’Humanité. Le consulat n’a plus de communication établie, car Israël ne souhaite pas qu’ils sortent. J’ai senti que mes contacts, que j’ai eus deux fois au téléphone ce matin, n’étaient pas des plus rassurés… » L’une des principales peurs de Patrick Maurieras concerne les médicaments que doit prendre son frère. « La crainte, c’est qu’il arrive en rupture de stock, s’inquiète-t-il. Le consul m’a confirmé qu’un médecin est passé le voir hier pour lui prescrire des génériques. Mais Pascal a refusé de les prendre par peur de ce qui peut se cacher derrière. Normalement, un médecin devrait repasser aujourd’hui. »

L’une des portes de sortie envisagées, une exfiltration par la Jordanie, a quant à elle été laissée de côté, le pays frontalier d’Israël ayant fermé son espace aérien de peur d’une escalade entre Tel-Aviv et Téhéran. « Selon mon avocate, je suis le dernier à rentrer afin que cela serve d’exemple aux prochains journalistes, annonçait de son côté Yanis Mhamdi dans une lettre dont le contenu a été publié par Blast. Ils sont tellement ridicules. Si c’était à refaire, je referais exactement la même chose. ». Désignée par la compagne du journaliste ce jeudi, l’avocate Maiwelle Mezi dialogue avec la rédaction de Blast, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et Reporters sans frontières (RSF), afin de « réhabiliter Yanis dans sa qualité de journaliste et non de militant, comme présenté dans beaucoup de médias ». « On fait pression sur le consulat et le ministère des Affaires étrangères pour qu’ils le sortent de prison et l’amènent à l’ambassade, confie Denis Robert, cofondateur de Blast. Mais les politiques ne suivent pas. »

« Nous espérions un retour imminent de notre journaliste incarcéré en Israël depuis l’arraisonnage du Madleen et l’arrestation de son équipage. C’est raté, a appuyé la rédaction de Blast, dans un communiqué publié sur son site. Seule une intervention ferme et déterminée de la diplomatie française pourrait débloquer la situation et aider nos avocats sur place à faire rapatrier au plus vite les trois détenus. » La peur d’un essoufflement de la mobilisation populaire sur la longueur reste ainsi en tête. « Toutes les équipes de la flottille travaillent main dans la main pour essayer de maintenir la mobilisation, explique Maiwelle Mezi. Il faut absolument que la société civile ait conscience qu’il reste beaucoup à faire, malgré les premières libérations. »

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