Pas facile quand on est une petite fille qui grandit dans le centre de la France de jouer au rugby. Manon Bigot, originaire de Vallières-les-Grandes, en a fait les frais. Prise de passion pour le ballon ovale dès sa plus tendre enfance en voyant son père jouer à Loches et les professionnels « toujours en fond » à la télévision, la jeune Loir-et-Chérienne n’a pas trouvé de club pour l’accueillir.

Si ce n’est à l’UNSS, ou encore vers l’âge de 10 ans, quand le club de Pocé-sur-Cisse a accepté qu’elle vienne jouer avec les garçons. Mais la structure n’a pas fait long feu. « On ne peut pas vraiment dire que j’ai appris à jouer parce que je prenais la balle, j’allais tout droit avec les garçons. Malheureusement, le Loir-et-Cher et le Centre-Val de Loire ne sont pas des terres de rugby, encore moins pour les filles », explique-t-elle.

Du handball au rugby

À l’adolescence, en section sportive au lycée de Vendôme, elle se met donc au handball, en suivant une amie, Mélanie Marteau, dans son club de Selles-sur-Cher. « Ça a été une très belle expérience, souligne Manon Bigot, qui évoluait en tant que pivot. On a atteint la Prénationale. »

Faute de pouvoir faire du rugby, Manon Bigot a joué six ans au handball à Selles-sur-Cher.

Faute de pouvoir faire du rugby, Manon Bigot a joué six ans au handball à Selles-sur-Cher.
© (Photo archives cor. NR, Aurat)

Si elle a aimé jouer au handball, le rugby est toujours resté dans un coin de sa tête, et surtout dans son cœur. « En 2013, quand j’avais 23 ans, l’un de mes frères est parti s’installer à Toulouse, terre d’ovalie. J’avais toujours dans l’idée de faire du rugby donc, après un an dans l’armée, je l’ai suivi là-bas pour tenter ma chance. » Et tout est allé très vite pour Manon Bigot, qui a rejoint le club de Blagnac, qui évolue en Élite 1 (première division), où elle joue toujours comme talonneuse. En 2016, elle est même sélectionnée pour la première fois en équipe de France.

Elle va y évoluer jusqu’en 2018, avant de devoir faire une pause dans sa carrière. « Le rugby est sûrement le dernier sport collectif féminin qui n’est pas encore professionnel, regrette Manon Bigot. Il faut donc travailler à côté pour pouvoir vivre et j’ai fait une coupure de cinq ans dans le rugby pour passer le concours de pompier professionnel. » Son « premier amour », découvert en volontaire à Montrichard dans sa jeunesse en Loir-et-Cher.

Pendant sa pause rugby, Manon Bigot a renoué avec le hand en prenant une licence à Muret, en Nationale 3. Et après avoir pris le temps de s’installer dans son nouveau métier, en 2023, la talonneuse est revenue à son sport passion à Blagnac. « Trois mois après, j’étais rappelée pour jouer en équipe de France. »

« Le but c’est d’aller taper les Anglaises chez elles »

Depuis le 22 mars dernier, Manon Bigot dispute le Tournoi des 6 nations avec les Bleues en qualité de titulaire, en l’absence de la Bordelaise Agathe Sochat (ménisque). Il s’agit du deuxième Tournoi de la doyenne de l’équipe (34 ans), qui a commencé le rugby sur le tard et ne compte que dix sélections sous le maillot tricolore.

Alors qu’elle atteindra les 35 ans en juin et ne sait pas de quoi l’avenir sera fait, Manon Bigot a encore un objectif bien en tête : disputer la Coupe du monde, du 22 août au 27 septembre, en Angleterre.

En attendant, l’objectif est clair avec les Bleues – invaincues – pour ces 6 Nations : gagner le Tournoi et battre l’Angleterre, qui plus est à Twickenham. « On est deuxième derrière les Anglaises depuis X années, explique Manon Bigot. Le but, c’est d’aller les taper chez elles et d’envoyer un message fort avant la Coupe du monde. »

L’occasion se présentera le 26 avril prochain. En attendant, les Françaises reçoivent le Pays de Galles, à Brive ce samedi 12 avril.

Les Bleues ont remporté leurs deux premières confrontations contre l’Irlande (15-27) et l’Écosse (38-15).

Les Bleues ont remporté leurs deux premières confrontations contre l’Irlande (15-27) et l’Écosse (38-15).
© (Photo AFP)

France – Pays de Galles, samedi 12 avril 2025 à 13 h 45, stade Amédée-Domenech à Brive-la-Gaillarde.