Après la belle qualification des Bayonnais pour les demi-finales du Top 14, découvrez ce qui a retenu l’attention de notre journaliste présent à Jean-Dauger.

COUPS DE CŒUR

L’Aviron navigue dans la tempête

Un match à sens unique. Bayonne s’est qualifié sans trembler pour les demi-finales du Top 14 en dominant Clermont (20-3). Dans leur antre de Jean-Dauger, les Basques n’ont pas été rattrapés par le poids de l’histoire. Ils ont dominé de la tête et des épaules des Clermontois, impuissants et incapables de déployer leur jeu. Les chiffres résument bien ce barrage : Bayonne a gagné 367 m en 122 courses, quand Clermont n’a gagné que 138 m en… 35 courses. Difficile d’exister dans ces conditions. Même si les trombes d’eau n’ont pas permis un grand spectacle, l’Aviron a quand même réussi à tirer son épingle du jeu.

Les jolis adieux de Camille Lopez

C’était son dernier match devant son public. Il tire sa révérence devant les siens, à 36 ans, sur une victoire historique en barrages et une qualification pour les demi-finales du Top 14. Camille Lopez a annoncé qu’il prendra sa retraite à l’issue de la saison, même s’il avait auparavant prolongé d’une saison. Clap de fin. Avec la manière : c’est lui qui a offert le seul essai du match à Tom Spring sur sa spéciale, un jeu au pied parfaitement dosé. Et il s’est imposé contre Clermont, l’équipe avec laquelle il avait été sacré champion de France en 2017. «Aujourd’hui, je suis content d’avoir gagné avec l’Aviron. Battre Clermont, c’est un petit clin d’œil. Maintenant, on va affronter le grand Stade toulousain, ce n’est que du bonheur pour nous», confie-t-il, les yeux qui brillent.

L’autre fête de Bayonne

Ils attendaient ça depuis 33 ans. Tout ce temps sans disputer de matches couperets dans le championnat de France. L’Aviron Bayonnais a connu des hauts et des bas, a fait plusieurs fois la navette entre la première et la deuxième division et n’a retrouvé le Top 14 qu’en 2022. Le barrage de ce vendredi était donc historique pour tout le club et ses supporters. Les joueurs l’ont bien compris quand ils ont été accueillis par des supporters survoltés. La soirée à Jean-Dauger, même si le spectacle n’a pas été au rendez-vous sur le terrain, a été une vraie et belle fête en tribunes. Des chants, des broncas, des sifflets, un peu de chambrages sympas… L’ambiance était folle et la communion a été totale quand le public bayonnais a envahi la pelouse à la fin du match. Ivre de bonheur. «Je n’ai jamais vu une ambiance comme ça, c’était dingue. C’était spécial quand ils ont envahi le terrain, ils arrivaient de partout», racontait tout sourire Tom Spring. La nuit promettait d’être très longue… Une autre fête de Bayonne.

COUPS DE GRIFFE

Les Auvergnats aux abonnés absents

Christophe Urios est capable de coups de cœur et de colères froides. Là, il était plutôt fataliste et résigné : «Je n’ai pas de regrets. Il pleut ou il ne pleut pas, on n’a pas été à la hauteur du match.» Pas de mouvements offensifs, beaucoup de fébrilité, des avants secoués. Rien n’a été pour le club auvergnat, qui retrouvait les phases finales pour la première fois depuis quatre ans. Cette équipe n’avait rien à voir avec celle qui avait réussi à s’imposer, avec force et maîtrise, à Montpellier lors de la 26e journée pour décrocher sa qualification. Un barrage à oublier. Rien n’a fonctionné. Et toujours ce problème d’inconstance à régler : un jour oui, un jour non…

Dansons sous la pluie

Les conditions météo n’étaient évidemment pas idéales pour ce match de barrage. Pas de spectacle, pas de grandes envolées, beaucoup de fautes de main… Un match à l’ancienne. Pour le spectacle, on repassera. Mais l’Aviron a su s’adapter à ces conditions et a même réussi à marquer un bel essai. Les Basques ont réussi un match solide, notamment grâce au travail de leurs avants. Seule la victoire est belle ? Oui. Dans quelques années, on aura oublié la «purge» et on retiendra surtout que Bayonne a réussi à se hisser dans le dernier carré du Top 14. La belle histoire.

Urdapilleta, la der ratée

Il s’imaginait sûrement autre chose pour son dernier match. Benjamin Urdapilleta – que certains supporters auvergnats dépeignent comme le chouchou de Christophe Urios – est passé à côté de son match sur la pelouse de Jean-Dauger. «Le temps n’a pas aidé mais c’était pour les deux équipes. Bayonne s’est mieux adapté aux conditions, avec le jeu au pied, le vent, la pluie, félicitations à eux», a-t-il confié avec fair-play. L’Argentin – longtemps décisif sur les pelouses du Top 14 avec Oyonnax, Castres ou Clermont – va raccrocher les crampons à 39 ans sur une sortie ratée. Le meilleur réalisateur de l’histoire du Top 14 a manqué deux pénalités qui auraient pu permettre aux siens de recoller en première mi-temps et il n’a pas réussi à dynamiser le jeu de son équipe. Il a néanmoins eu la classe de se présenter devant la presse malgré sa déception. Et de positiver malgré tout : «Je suis très fier d’avoir permis à l’équipe de finir à la cinquième place. C’est ce que je voulais en venant ici. Je pars tranquille. On a réussi notre saison.» Pas sûr que tout le monde partage cet avis…