À Paris, le dernier bureau d’information physique a fermé en début d’année, remplacé par une conciergerie en ligne. Ailleurs en France, les «OT» cherchent à se réinventer à l’heure où le smartphone est l’outil privilégié pour planifier son séjour.
Plans du centre-ville, dépliants sur les sentiers de randonnée, brochure sur les belles tables de la région, réservation d’activités… En entrant dans un office de tourisme, les visiteurs ont l’assurance de trouver toutes les informations dont ils ont besoin pour leur séjour. Mais avec la généralisation du numérique, les touristes disposent de nombreux outils pour se renseigner sur leur destination : blogs, réseaux sociaux, Instagram, ChatGPT…
À Paris, le tout numérique a précipité le déclin des bureaux d’accueil du public, dont la fréquentation s’est écroulée : 574.000 visiteurs en 2015, 150.000 en 2022. En dix ans, leur nombre est passé d’une dizaine avant 2016 à un seul ces dernières années, puis à néant en janvier 2025. Le dernier point d’accueil, situé au pied de la tour Eiffel, a définitivement fermé. Une mesure surprenante venant de la capitale de la première destination mondiale.
«C’est pour encore mieux rendre service aux près de 40 millions de touristes accueillis chaque année à Paris grâce à une conciergerie téléphonique ouverte tous les jours et un maillage de points d’informations de proximité», comme les kiosques à journaux et les bureaux de poste, peut-on lire sur le site de la Ville de Paris. D’autres grandes destinations suivent cette stratégie, à l’image de l’Écosse, dont l’ensemble des 25 «iCentre» de VisitScotland fermera d’ici à la fin de l’année.
«Les premiers touristes d’une destination sont ses habitants»
«Depuis l’ouverture du premier office de tourisme français à Gérardmer (Vosges) en 1875, la filière du tourisme institutionnel a toujours fait face aux évolutions des métiers, des publics et des technologies», rassure Christian Mourisard, président délégué d’ADN Tourisme. Pour se réinventer et être perçus autrement qu’un simple «distributeur de dépliants», les points d’information se transforment en lieux polyvalents. «L’office de tourisme est souvent perçu comme étant réservé aux visiteurs venus de loin. Les habitants s’y rendent peu alors même qu’ils représentent les premiers touristes d’une destination», ajoute-t-il.
Les «OT» veulent séduire ces touristes qui s’ignorent grâce, notamment, à des boutiques de produits du terroir, des ateliers d’artisanat ou à la promotion d’événements. À Saint-Macaire, dans le sud de la Gironde, le point d’accueil abrite aussi une cave à vins où touristes et locaux peuvent se rencontrer. Dans l’Eure, l’office de tourisme d’Évreux-Normandie s’est rebaptisé «Comptoir des Loisirs» pour attirer un public de proximité mais aussi accueillir les nouveaux résidents.
Un atout dans les zones rurales
À Nice et ses environs, certaines activités ne sont réalisables qu’en passant par un bureau d’information. «Notre jeu d’exploration ’my Adventure’ qui permet de parcourir le littoral et l’arrière-pays niçois seul, entre amis ou en famille ne peut être retiré que dans nos points d’accueil, détaille Jean-Sébastien Martinez. Pour le directeur général de Nice Côte d’Azur Tourisme, entité qui regroupe 51 communes de la métropole niçoise, «le contact humain reste un levier clé pour offrir une information touristique vérifiée. La technologie ne pourra jamais assurer des missions d’hospitalité des conseillers de séjour.»
Dans les territoires ruraux, les bureaux d’information montrent toute leur utilité, particulièrement en haute saison. «Certains visiteurs sont réfractaires au numérique, préfèrent déconnecter en été et ne pas passer leur temps sur leur téléphone. À Châtel-Guyon, la grande majorité des visiteurs sont des seniors en cure thermale, pas forcément à l’aise avec la technologie et qui ont besoin d’un accompagnement personnalisé», observe Virginie Delas, directrice de l’office de tourisme Terra Volcana – Les Pays de Volvic qui regroupe 56 communes du nord du Puy-de-Dôme. Signe de leur pertinence : en plus des trois points d’accueil permanents, un quatrième ouvre chaque été dans le centre historique de Volvic pour renseigner des visiteurs venus en nombre.
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