« 100 % de nos matières premières sont françaises, sauf le cacao, la quasi-intégralité de nos produits laitiers sont originaires de Bretagne. Ne restaient que nos présentoirs à sucette qui étaient fabriqués en Chine. Nous avons finalement trouvé une petite entreprise de Saint-Avé (Finistère) qui nous fournit désormais, raconte Gildas Perron, directeur des opérations de la confiserie-biscuiterie La Maison d’Armorine, créée en 1946, à Quiberon (Morbihan). Ça représente une toute petite part de nos investissements. Mais même symboliquement, c’est important ». Mais un symbole a du poids et est un premier pas qui peut montrer la voix. C’est le message qui a aussi été passé vendredi 13 juin 2025, à Rennes, pour la 2e édition des Rendez-vous de la relocalisation. Objectif : convaincre les entreprises à franchir le pas et à s’inscrire dans le projet régional Relocalisons.bzh lancé depuis 2023. Un millier d’entreprises bretonnes a déjà pris la vague. Derrière, il y a « un potentiel de 130 000 emplois et 5,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires relocalisables à l’horizon 2030 et une réduction possible de 3,9 millions de tonnes de C02 », insiste Loïc Hénaff, PDG du groupe Jean Hénaff et conseiller régional de Bretagne délégué à la relocalisation d’activités, au fret et à la logistique.
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L’ambition est-elle réaliste ? Le coût n’est-il pas un écueil infranchissable ? « Ce sont des idées reçues. Le coût du travail, ce n’est pas le sujet. Il est par exemple deux fois plus élevé au Danemark et pourtant nous leur achetons des produits », souligne Loïc Hénaff. « La relocalisation, c’est un gage de confiance. Je le vois dans mon entreprise. Nos clients sont des agriculteurs. Ça les rassure de venir dans l’usine et de savoir que les machines qu’ils utilisent sont construites près de chez eux », assure Hervé Biche, PDG de Sodimac, entreprise familiale de 100 salariés, fondée aussi en 1946, spécialisé dans le machinisme agricole.
À une autre échelle, les enjeux et l’esprit sont les mêmes pour une frégate de guerre de nouvelle génération comme celle construire à Lorient (Morbihan). « Un bateau militaire est bourré d’équipements, 60 % du volume investi est consacré aux achats, ça monte à 75 % sur une frégate, précise Pascal Piéplu, responsable RSE et contrôle interne des achats de Naval Group. Les enjeux de souveraineté sont forts. Nous achetons à 90 % en France ». Par exemple pour s’assurer d’être approvisionnés en toute sécurité en cordons de soudure, indispensables par exemple à l’assemblage des sous-marins nucléaires français. Relocaliser, « c’est aussi maîtriser les risques à long terme, dont les risques sociaux et même les risques éthiques, de corruption, de délits d’initiés ».