Un homme qui consomme de la cocaïne.À ce jour, aucun médicament n’a été approuvé par les autorités de santé (ni en France, ni à l’international) pour guérir d’une addiction à la cocaïne. © Adobe Stock

L’addiction à la cocaïne est un fléau grandissant, en particulier en France où la consommation ne cesse d’augmenter. Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), près de 600 000 personnes ont déjà expérimenté la cocaïne dans leur vie, et environ 150 000 en consomment régulièrement.

Malgré cette réalité alarmante, aucun médicament n’est officiellement reconnu aujourd’hui pour traiter efficacement cette dépendance. C’est pourquoi les résultats d’une récente étude sur le mavoglurant suscitent autant d’espoir. Ce traitement, initialement développé pour une toute autre pathologie, pourrait bien changer la donne.

Le mavoglurant, un médicament sorti de l’oubli Mavoglurant : késako ?

À l’origine, le mavoglurant a été conçu pour traiter le syndrome de l’X fragile, une maladie génétique rare. Mais faute d’efficacité dans ce domaine, son développement avait été stoppé.

C’est dans un tout autre contexte que ce médicament refait surface. Une équipe internationale de chercheurs, dirigée par le professeur Daniele Piomelli, de l’Université de Californie à Irvine (États-Unis), a décidé de tester son action sur les personnes dépendantes à la cocaïne. Et les premiers résultats sont plutôt encourageants.

Une étude clinique qui change la donne

L’étude, publiée en avril 2025, a porté sur 68 participants souffrant d’un trouble lié à la consommation de cocaïne. Ces personnes ont été suivies pendant 13 semaines et divisées en deux groupes : l’un recevant du mavoglurant, l’autre un simple placebo.

Les résultats parlent d’eux-mêmes :

  • Les patients sous mavoglurant ont consommé en moyenne de la cocaïne 12 jours sur 3 mois, contre 20 jours pour ceux du groupe placebo.
  • 27 % des participants traités ont déclaré ne plus avoir touché à la cocaïne pendant toute la durée de l’étude.
  • Les tests capillaires et urinaires ont confirmé une nette baisse des traces de la drogue dans l’organisme des participants sous traitement.

C’est la première fois qu’un médicament montre de tels effets sur cette dépendance, d’après les chercheurs.

Le mavoglurant, la nouvelle solution contre l’addiction à la cocaïne ? Comment fonctionne ce médicament ?

Le mavoglurant agit sur un mécanisme très précis du cerveau : le circuit de la récompense, celui-là même qui nous pousse à répéter les comportements agréables, comme, hélas, consommer de la drogue.

Plus précisément, il inhibe un récepteur appelé mGluR5, impliqué dans la libération de dopamine, la fameuse “molécule du plaisir”. En régulant cette activité, le médicament pourrait réduire le besoin compulsif de consommer de la cocaïne, et aider ainsi à désamorcer le cercle vicieux de l’addiction.

Et les effets secondaires, dans tout ça ?

Rien de très alarmant à ce stade. Les participants ont surtout signalé des maux de tête, des nausées et quelques vertiges. Des symptômes jugés tolérables, qui n’ont pas nécessité l’arrêt du traitement.

Ces premiers résultats restent bien sûr à confirmer par des essais cliniques de plus grande ampleur. Mais ils marquent un tournant majeur dans la recherche d’une solution à l’addiction à la cocaïne.

À SAVOIR

Selon une enquête de Santé publique France publiée en 2023, la consommation de cocaïne a considérablement augmenté chez les jeunes adultes. Environ 5 % des 18-25 ans ont déclaré avoir consommé de la cocaïne au cours de l’année écoulée, un chiffre en hausse de près de 50 % en dix ans. Cette tendance inquiète les professionnels de santé, car elle s’accompagne d’une banalisation de la drogue et d’une méconnaissance de ses risques, notamment cardiovasculaires et psychiatriques.

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