Par

Ivan CAPECCHI

Publié le

10 avr. 2025 à 20h10

D’ici 2033, l’opéra national du Rhin à Strasbourg va connaître d’importants travaux de rénovation. 

Le plan a été détaillé ce jeudi à l’occasion d’une conférence de presse.

Voici ce qu’il faut en retenir.

Un bâtiment vétuste

Le bâtiment de l’opéra national du Rhin est vétuste. Il fait même l’objet d’un avis défavorable de la commission de sécurité depuis 1997.

« Il n’est plus en mesure d’offrir au public, aux équipes artistiques et techniques, des conditions d’accueil et de travail à la hauteur de son statut et de notre capitale européenne », explique Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, avant de donner « quelques exemples qui montrent l’ampleur des contraintes actuelles et de la nécessité d’intervenir rapidement » :

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De mauvaises conditions de visibilité pour 45 % des places, en grande partie parmi les catégories les moins chères. Un accès difficile pour les personnes à mobilité réduites (PMR) et 2 places seulement pour les spectateurs en fauteuil. Un diagnostic énergétique qui laisse clairement à désirer. Des conditions de travail qui ne correspondent plus aux normes en vigueur. Plus globalement, un bâtiment contraint qui ne permet pas l’accueil de certaines productions et qui ne permet pas non plus la création de nouveaux espaces pour les équipes, l’accueil des publics et pour de nouvelles activités générant des recettes propres.

Jeanne Barseghian
Maire de Strasbourg

Voici donc le scénario qui a été retenu, un scénario qui doit « permettre de résoudre toutes les problématiques évoquées précédemment, tout en respectant les éléments patrimoniaux remarquables » du bâtiment, toujours selon les mots de Mme Barseghian.

Deux extensions du bâtiment

Vincent Cognee, directeur de l’architecture et du patrimoine à la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg, détaille les grandes lignes de ce scénario.

Il y aura d’abord « deux extensions du bâtiment : une première du côté de la place du Petit-Broglie, qui va permettre d’accueillir toute la partie coulisses de la scène, mais qui va aussi permettre de reconstituer un restaurant. Et puis, de l’autre côté du tram, du côté de la place de l’Arsenal, la reconstitution d’un bâtiment qui a existé historiquement et qui va permettre de reconstituer de la logistique scénique, avec la création d’un tunnel qui permet de faire le lien entre le bâtiment principal de l’opéra et cet espace complémentaire ». « Le projet  comprend également un espace de médiation qui sera relocalisé de ce côté-là du tram », ajoute M. Cognee.

Rabaissement d’un niveau de la scène

A côté de ça, le projet prévoit le « rabaissement d’un niveau de la scène, car celle-ci se situe au premier étage par rapport à la rue, ce qui impose de passer par un ascenseur, un monte-décors, et donc tous les décors qui sont montés et démontés semaine après semaine dans l’opéra passent par cet ascenseur, ce qui crée des difficultés logistiques« . « L’ingéniosité de ce scénario, en baissant la scène, va être de pouvoir desservir de plain pied tous les décors de l’opéra« , poursuit M. Cognee.

« A l’intérieur, le fait de baisser la scène d’un niveau aura un effet immédiat, à savoir de baisser aussi le parterre d’un niveau, ce qui représente un avantage en termes d’accessibilité« , continue-t-il.

« L’autre avantage est que cela va permettre de générer un volume plus important dans la salle et donc d’améliorer largement l’acoustique« , complète-t-il.

Réinterprétation de la salle et surélévation de la toiture

« Pour permettre une meilleure visibilité sur scène, il va falloir réinterpréter la salle« , enchaîne ce dernier. « Il y aura une intervention sur le gril*, avec la proposition de surélever la toiture d’environ 5 mètres, ce qui permettra par exemple d’échapper les décors par le haut et de mieux répondre aux besoins contemporains scéniques« .

Il y aura par ailleurs une « part de rénovation patrimoniale très importante sur le bâtiment« .

Rénovation énergétique

Le projet prévoit également « une rénovation énergétique, avec près de -70 % de chauffage dans le bâtiment, – 85 % d’émissions de CO2 et un recours à 65 % d’énergies renouvelables ».

Enfin, la jauge, actuellement de 1 142 places, passera à 940 places. Mais ce seront « 940 places accessibles à tous les publics et offrant une visibilité optimale« , assure Vincent Cognee.

Un projet à 120 millions d’euros

Le coût du projet est estimé à 120 millions d’euros, dont 40 millions d’euros pris en charge par la Ville de Strasbourg. Le reste sera partagé entre les autres partenaires, à savoir l’Etat, l’Eurométropole de Strasbourg, la Région Grand Est et la Collectivité européenne d’Alsace (CeA).

Début des travaux en 2028

Les travaux doivent débuter à l’automne 2028 pour s’achever à l’hiver 2033. Un calendrier qui sera à affiner avec l’architecte.

« Les saisons hors les murs de l’opéra auront lieu en grande partie dans le palais des fêtes, dont la dernière tranche de travaux sera réalisé entre juillet 2026 et septembre 2027″, indique Mme Barseghian.

* Le gril désigne une structure située au-dessus de la scène, souvent à plusieurs mètres de hauteur, où sont installés les dispositifs techniques permettant de manipuler les décors, les rideaux, et parfois l’éclairage.

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