Un préambule musclé à sa prise de fonction. Deux élus meurthe-et-mosellans se sont succédé à la tribune ce samedi 14 juin, pour le deuxième jour du congrès national du Part socialiste qui devait voir la ratification des votes des 27 mai et 5 juin. La confirmation, en somme, de la réélection d’Olivier Faure au poste de 1er secrétaire du PS. Face à une assemblée de militants plutôt clairsemée, Chaynesse Khirouni a ouvert le ban faisant tonner sa voix dans l’immense salle des plénières du Centre Jean-Prouvé de Nancy, ville socialiste depuis 2020.
« Une gauche unie et résolue »
La présidente du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, seule femme à la tête d’un exécutif territorial, jouait à domicile et n’a pas manqué de citer en exemple son territoire, bastion de gauche devenu « îlot de résistance » sous la poussée des extrêmes. « Depuis 1998, le département est dirigé par la gauche, par les socialistes. Une gauche unie et résolue. Une gauche qui prouve que la République peut encore changer la vie », a scandé Chaynesse Khirouni. Un exemple à suivre en quelque sorte par un Olivier Faure qui prône une alliance des forces de gauches dans l’arc Glucksmann (Place publique)-Ruffin (ex-LFI). Poursuivant, Chaynesse Khirouni a appelé à lâcher les divisions ravivées par l’élection interne du PS : « Nous devons résolument, collectivement, répondre à l’exigence de construire ensemble, de rassembler et de mobiliser avec humilité au-delà de nos différences, voire de nos divergences. »
Le congrès du « courage »
Un vœu partagé par le maire de Nancy et président de la Métropole du Grand Nancy. Dans le camp Faure, Mathieu Klein veut croire, lui aussi, en un sursaut d’un PS fractionné : « Ce congrès doit être celui du courage, de l’unité des socialistes. La gauche que les Français attendent en 2027 est celle qui anime dans presque toutes nos collectivités, des majorités composées d‘élus issus de la société civile, socialistes, communistes, écologistes… Une gauche plurielle qui ne renonce jamais à son idéal. Le Parti socialiste est aussi un parti de construction, de rassemblement, qui l’a prouvé dans son histoire. Alors, il ne s’agit pas d’oublier nos idées respectives, il s’agit de leur donner un centre, une coalition au service d’un peuple qui attend autre chose que des postures. »
Arrêter le cabotage
Exhorter à faire fi des antagonismes peut-il suffire à soigner un parti débordé par les extrêmes et érodé par les échecs électoraux ? Pas certain. Les courants contraires se sont révélés puissants ces derniers mois au sein du PS. Le chemin de la recomposition est parsemé d’épines pour Olivier Faure à qui il est, notamment, reproché une position confuse vis-à-vis de LFI (La France insoumise). Soutien du maire de Rouen et adversaire d’Olivier Faure, Nicolas Mayer-Rossignol (49,1 % des suffrages le 5 juin), Dominique Potier , député PS de Meurthe-et-Moselle et élu du monde rural où le Rassemblement national (RN) prospère, estime que « pour arrêter le cabotage et prendre le large », le PS aurait ainsi « besoin de la plus grande clarté sur la question européenne et sur la République ». « Il faut qu’Olivier Faure annonce clairement la fin de l’emprise de LFI sur le destin du socialisme démocratique », assène le parlementaire qui juge : « Pour l’instant, il cultive l’ambiguïté et cette ambiguïté nous coûte très cher, notamment dans les milieux ruraux et populaires. »
« Une gestion clanique »
Autre voix hostile, celle de Mickaël Weber, sénateur mosellan et 1er secrétaire du PS en Moselle. L’élu rangé derrière Boris Vallaud, le député des Landes éliminé au 1er tour du scrutin interne, ne ménage pas un Olivier Faure qu’il considère « affaibli » : « L’unité n’aurait été possible que dans le changement. Jusqu’à présent, Olivier Faure et son équipe ont eu un comportement et une gestion clanique du parti. Aujourd’hui, on ne peut pas vouloir la synthèse en demandant à chacun de renoncer à ce qu’il est. Cela ne peut se faire que dans le respect des divergences de vues. Et en ayant bien compris que la ligne proposée par Olivier Faure n’est pas majoritaire. On ne peut pas prétendre unir la France, si l’on n’arrive pas à unir le parti. » Olivier Faure sera-t-il en capacité de recoller les morceaux d’un PS éparpillé ? Réponse, peut-être, ce dimanche matin, lors de son discours d’installation et de clôture du congrès.