Proposé en 2013 par Airbus Defence & Space, Dassault Aviation et Leonard, le projet « EuroDrone » a mis du temps pour se concrétiser, faute de trouver un accord entre les industriels et les États clients [France, Allemagne, Italie, Espagne].

En effet, ce n’est qu’en février 2022 que l’Organisation Conjointe de Coopération en matière d’Armement [OCCAr] a notifié le contrat « MALE RPAS Stage 2 » à Airbus Defence & Space, désigné maître d’œuvre. Ce qui ainsi ouvert la voie au développement et à la production de vingt systèmes, chacun d’entre eux étant composé de trois « Eurodrone » et de deux stations de contrôle au sol.

Pour autant, ce drone MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] très imposant [10 tonnes pour une envergure de 26 mètres] est encore loin d’être opérationnel. Actuellement, après avoir franchi l’étape de l’examen de conception préliminaire [PDR – Preliminary Design Review] avec plusieurs mois de retard, sa revue critique de conception [CDR – Critical Design Review] est encore en cours.

Selon le « business plan » de l’OCCAr, l’assemblage d’un prototype doit commencer cette année, l’objectif étant de pouvoir entamer les essais en vol en 2026. En attendant, Airbus Defence & Space a inauguré « l’EuroDrone Lab », en Bavière, ce 11 avril.

« L’EuroDrone franchit une nouvelle étape : aujourd’hui, avec des représentants de l’OCCAr, nous avons officiellement inauguré notre tout nouveau ‘Laboratoire EuroDrone’ à Manching, en Allemagne », a en effet annoncé l’industriel, via ses réseaux sociaux.

Selon les explications qu’il a données, ce « laboratoire » sera chargé de « tester minutieusement » tous les systèmes, avant « leur intégration » dans le drone et dans les stations au sol.

« Nous testerons d’abord individuellement le matériel et les logiciels sur ordinateur, puis nous les connecterons et enfin les ferons fonctionner ensemble lors d’un test d’intégration système global », a précisé Airbus Defence & Space.

Outre Dassault Aviation et Leonardo, impliqué dans ce programme en tant que principaux sous-traitants, d’autres industriels fourniront des sous-systèmes critiques de l’Eurodrone, comme Avia Aero pour le turbopropulseur « Catalyst », Saab ou encore Safran.

Cela étant, dans son message, Airbus Defense & Space indique que le premier vol de l’EuroDrone est prévu « avant la fin de la décennie »… S’agit-il du prototype ou de la version finale de cet appareil ?

Reste que le retard pris par ce programme n’est pas sans agacer Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, celui-ci ayant récemment évoqué la possibilité d’infliger des pénalités aux industriels. « L’enjeu, maintenant, c’est d’avoir une livraison dans les forces d’un drone qui soit toujours d’actualité du point de vue opérationnel. Nous devrons en parler avec les différents partenaires », avait-il en effet affirmé, en octobre dernier.

Quoi qu’il en soit, « l’Eurodrone sera le premier drone européen de type MALE et de grande taille à être certifié pour voler dans l’espace aérien européen très fréquenté. Grâce à lui, l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne n’auront plus besoin de drones militaires de fabricants extérieurs à l’Europe », a fait valoir Airbus. Ce qui reste encore à démontrer…

En tout cas, a poursuivi l’industriel, avec l’EuroDrone, ces pays « pourront assurer en toute souveraineté une grande variété de missions : surveillance de vastes zones, ou reconnaissance, acquisition d’objectifs, renseignement d’origine électromagnétique, alerte précoce, protection des infrastructures critiques, lutte anti-sous-marine et anti-surface ».