Pour la première fois, la majorité de la population française en âge de voter est âgée de plus de 50 ans. C’est ce que montre une étude de l’Insee, issue du « Bilan démographique 2024 », et qui porte sur la population résidant en France en âge de voter, au 1er janvier 2025. Dans le détail, 51,6 % des personnes majeures avaient plus de 50 ans, contre 17 % qui avaient entre 18 et 29 ans.
L’Insee précise que l’étude ne porte pas sur le corps électoral. Il peut en effet y avoir une différence entre population âgée de plus de 18 ans, et population réellement inscrite sur les listes électorales, en raison des non-inscriptions ou des radiations. Par exemple, 9 % des personnes âgées entre 40 et 54 ans ne sont pas inscrites sur les listes.
Ces données témoignent en tout cas du vieillissement de la population française dans son ensemble, et donc du poids croissant des seniors lors des scrutins électoraux, un an avant les élections municipales et deux ans avant la prochaine élection présidentielle. Ainsi, 21,8 % de la population française totale est âgée de plus de 65 ans, contre 16,3 % en 2025.
Une autre étude de l’Insee, portant cette fois sur les personnes inscrites sur les listes électorales, a été publiée juste avant les élections européennes et législatives de l’an dernier. Au 1er avril 2024, il y avait 5,3 millions d’électeurs âgés de 18 à 24 ans (11,2 % du corps électoral), 10,3 millions âgés de 25 à 39 ans (21,9 %), 10,7 millions âgés de 40 à 54 ans (22,7 %), 7,5 millions âgés de 55 à 64 ans (16,0 % des électeurs), 9,5 millions âgés de 65 à 79 ans (20,2 %) et 3,8 millions âgés de 80 ans ou plus (8,0 % des électeurs). Pour un total de 47,1 millions d’électeurs en France.
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« Très attachés à l’acte de vote »
« Non seulement la France vieillit, mais ses seniors restent très attachés à l’acte de vote », a analysé Vincent Tiberj, sociologue et professeur à Sciences Po Bordeaux auprès de nos confrères de FranceInfo. Selon lui, cette réalité démographique peut influencer les discours politiques pour la présidentielle de 2027. Les seniors « sont très souvent des électeurs assidus, quand leurs enfants et leurs petits-enfants ont un rapport beaucoup plus distant ». Il pense que pendant une campagne électorale peu intense, « il y a de grandes chances que ce soit le senior qui se déplace », contrairement aux actifs et aux jeunes.
Ainsi, lors des législatives de 2024, il y a eu 43 % d’abstention parmi les électeurs âgés de 18 à 24 ans, et 49 % parmi les 25-39 ans. Contre 20 % parmi les électeurs de plus de 70 ans et plus, selon l’Ipsos.
Dans ces circonstances, les candidats ont donc plus intérêt à privilégier les discours qui s’adressent aux plus âgés. Mais le sociologue ajoute que certains politiques ont tendance à oublier que tous les seniors ne sont pas « centrés sur leur intérêt économique ou leur intérêt en général. Un nombre impressionnant d’entre eux reste attaché au fait que cela se passe bien pour leurs enfants et leurs petits-enfants. »
Comme lorsqu’on parle des jeunes, il ne faut pas considérer les seniors comme « bloc homogène », insiste le sociologue.