C’est fini. La 3e conférence des Nations Unies pour l’océan s’est achevée ce vendredi soir. Peu avant 19 heures, les cornes de brume des bateaux amarrés au port de Nice ont retenti alors que la séance plénière de clôture prenait fin, avec l’adoption de la déclaration finale « Notre océan, notre avenir: unis pour une action urgente ».

« L’océan n’est pas encore sauvé mais nous avons fait de grands pas dans la bonne direction », a conclu le maire de Nice, Christian Estrosi, un peu plus tôt à la tribune. « Nice a gagné le pari de l’océan », a résumé Olivier Poivre d’Arvor, envoyé spécial du président de la République française pour l’Unoc, qui a conclu la conférence en déclarant « levée » la plénière de clôture d’un coup de maillet. A l’extérieur du bâtiment, des agents de l’ONU ont abaissé le drapeau des Nations Unies, symbole des 193 États membres, au cours d’une cérémonie sobre et solennelle.

« Après Nice, l’Océan se portera vraiment mieux »

Pendant cinq jours, Nice a accueilli dans son centre des congrès Nicea, spécialement construit sur le port pour l’occasion, 64 chefs d’État et de gouvernement, 28 responsables d’organisations, 115 ministres, et 12.000 délégués. Ces personnalités représentant 90% des zones économiques exclusives mondiales et près de 85% du volume des ressources liées à l’Océan, ont répondu présent à l’invitation du secrétaire général des Nations Unies António Guterres et des présidents de la République française Emmanuel Macron et du Costa Rica, Rodrigo Chaves Robles, co-présidents de la 3e Conférence des Nations Unies sur l’Océan.

Est-ce qu’ « après Nice, l’Océan se portera vraiment mieux », comme l’affirme l’océanographe et exploratrice américaine Sylvia Earle? Olivier Poivre d’Arvor en est persuadé. Ce vendredi, il a retracé les engagements qui ont été scellés cette semaine. Ils sont désormais inscrits dans la résolution des Nations Unies qui fixe l’héritage de cette troisième conférence. Voici les principales avancées.

Le « traité de Nice » sur la haute mer bientôt ratifié

« L’océan est un bien commun, a rappelé Olivier Poivre d’Arvor. C’est une copropriété. Il n’appartient à personne, sauf en ce qui concerne les zones exclusives économiques. Comme dans toute assemblée générale, l’important c’est d’avoir le maximum de millième. Alors il peut manquer un pays [les États-Unis, ndlr], mais, à Nice, 92% des copropriétaires étaient présents et ont décidé, considérant leur propre zone exclusive économique, qu’ils devaient s’engager pour protéger l’espace commun, à travers le traité BBNJ [pour la biodiversité au-delà de la juridiction nationale] ».

A ce jour, 56 pays l’ont ratifié. 14s’apprêtent à le faire avant le 23 septembre. Ce jour-là, se tiendra, à New York, la cérémonie officielle de ratification de ce qu’on appelle déjà « le traité de Nice ». Il devrait entrer en vigueur « au plus tard » en janvier 2026. Il assure aussi la tenue, cette même année, de la COP 1 de l’Océan.

40 pays contre l’exploitation minière

La menace sur les grands fonds marins s’est récemment accélérée avec le décret, signé le 24 avril par le président des États-Unis Donald Trump, pour le lancement de la première mission d’exploitation minière. « Donc il nous a paru important de réaffirmer ici, à Nice, l’importance d’un organe, créé il y a maintenant 40 ans, qui s’appelle l’Autorité internationale des fonds marins », a rappelé l’envoyé spécial du président pour l’Unoc. C’est dans ce cadre uniquement que pourrait être élaboré un code minier autorisant ces pratiques. « Nous sommes 37 à 40 pays à constituer une minorité de blocage et à nous opposer à l’adoption de ce code minier. Donc les activités légales d’exploitation ne pourront pas commencer ».

Lancement de la mission Neptune

« Nous avons lancé, à Nice, à travers le pacte européen pour l’océan, et à travers le soutien de l’Inde et la Chine, un grand programme d’exploration, la mission Neptune », s’est réjoui Olivier Poivre d’Arvor. Objectif, investir dans la science et agréger l’ensemble des flottes océanographiques, des agences spatiales mondiales, des organismes publics, des entrepreneurs, pour permettre la création d’une base de données partagées sur l’océan.

Plus de 2.500 scientifiques réunis au congrès One Ocean Science Congress (du 3 au 5 juin) ont acté plusieurs autres engagements parmi lesquels le baromètre Starfish sur l’évaluation de la santé de l’océan qui sortira tous les 8 juin.

103 Etats mobilisés contre la pêche illégale

103 Etats ont ratifié l’accord sur l’organisation mondiale du commerce pour mettre fin aux subventions illégales à la pêche. Or il en faut 111 pour que l’accord soit adopté. « Il nous en manque 8. Mais 5 sont sécurisés. Donc je pense que, d’ici la fin de l’année, nous atteindront les 111 États qui permettront de ratifier cet accord », confie Olivier Poivre d’Arvor.

Vers un traité sur la réduction de la production plastique en août

La mobilisation et la présence à Nice de 115 ministres de l’Environnement, et l’engagement de 96 d’entre eux pour une déclaration intitulée « Nice wake up call for an ambitious plastics treaty » (appel au réveil pour un traité de Nice ambitieux sur les plastiques), « va permettre, qu’à Genève, début août, nous puissions amener des pays producteurs d’hydrocarbures à signer un traité important sur la réduction de la production du plastique », veut croire l’envoyé spécial du président.

11% d’aires marines protégées

« A la veille de l’Unoc, au niveau mondial, nous étions à 8,4% d’aires marines protégées. La mobilisation de 14 États a permis de porter ce chiffre à 11% cette semaine », a déclaré Olivier Poivre d’Arvor, rappelant qu’il reste cinq ans à la communauté internationale pour atteindre son objectif de protéger 30% des océans d’ici à 2030. La France a contribué à cet effort avec la création, en Polynésie française, d’une zone économique exclusive de 500 millions de kilomètres carrés. A l’horizon 2026, 78% de la zone économique exclusive française sera protégée, dont 14,8% en zone de protection forte.