Blessé à l’épaule droite après un accrochage avec Fermín Aldeguer lors du sprint au GP d’Argentine il y a quatre semaines, Miguel Oliveira est de nouveau sur la touche pour le GP du Qatar. Mais à l’image de Jorge Martín chez Aprilia à Austin, il a décidé de rendre visite à son équipe et de suivre le week-end depuis le garage de Pramac.
Le Portugais a également profité de sa présence pour faire le point sur sa condition physique. Touché par une luxation de l’articulation sterno-claviculaire avec rupture du ligament, une blessure aussi complexe que rare, il a été contraint à un repos total pendant plusieurs semaines. Il saura lundi s’il peut gagner en mobilité dans sa rééducation, avec un œil sur le GP d’Espagne dans deux semaines, où il pourrait retrouver sa Yamaha actuellement confiée à Augusto Fernández.
Oliveira, malheureusement habitué aux blessures ces dernières années, est également revenu sur les circonstances de sa chute à Termas de Río Hondo, en s’interrogeant sur le rôle joué par l’airbag. Il a enfin raconté les moments rocambolesques qui ont suivi la chute, entre une épaule replacée alors qu’une infirmière l’aidait à enlever sa combinaison et une longue incertitude avant de connaître la nature exacte de sa blessure.
Comment ça va ?
Je récupère bien. Cela fait plus ou moins quatre semaines que je me suis blessé et tout se passe de mieux en mieux. Les trois premières semaines, c’était une immobilisation complète et maintenant, j’ai plus les symptômes d’une épaule endormie que de la blessure à proprement parler, mais il faut encore que ça guérisse. Je passe une IRM lundi et on verra ensuite.
As-tu encore des douleurs ?
Maintenant, heureusement c’est terminé, ça n’est plus véritablement douloureux. Quand on commence à faire de petits mouvements, tout avance bien. C’était une blessure plus sérieuse que ce que j’imaginais, une blessure très rare. Cette luxation du sternum et de la clavicule, ce n’est pas si courant. Ça m’a surpris parce que je ne m’y attendais pas. Je m’attendais juste à ce que ce soit une clavicule cassée, que ce soit résolu en trois semaines. Mais c’était beaucoup plus dur que ça donc il faut avancer petit à petit.
As-tu réalisé l’ampleur de la blessure sur le moment ?
Absolument pas. La douleur était alarmante, je sentais que c’était important, comme une fracture. Dans les premières heures, personne ne pouvait vraiment me dire ce que j’avais donc j’ai passé un scanner, j’ai passé une radio et tout allait bien.
Malencontreusement, quand l’infirmière a enlevé la combinaison de mon bras droit au centre médical, j’ai senti un grand ‘clac’ dans ma clavicule et je me suis dit ‘oh, elle l’a vraiment cassée là’. [rires] En fait, elle a réduit la luxation et tout s’est remis en place. Mais j’ai eu tellement peur qu’elle ait cassé ma clavicule que quand il y a eu la radio et que tout était négatif, j’ai dit ‘comment est-ce possible, j’ai entendu le craquement ?’.
Après, j’ai appelé mon médecin et il m’a dit ‘il est probable, à 90%, que tu aies une luxation du sternum et de la clavicule, garde ton bras immobilisé s’il te plaît’. Donc je suis allé au centre médical en Argentine, ils m’ont mis quelque chose de similaire à ça [l’attelle qu’il porte encore] pour tenir mon bras puis 30 heures après, chez moi, j’ai passé une IRM et ça a confirmé la luxation et la déchirure complète des tendons.
Le numéro 88 est absent de la grille depuis sa chute en Argentine.
Photo de : Gold and Goose / Motorsport Images
Quel est le programme maintenant ?
Il m’a dit [que ça prendrait] deux mois et il est hors de question que je passe deux mois loin de la moto ! On n’essaie pas de réduire le temps, je fais de la kiné et maintenant, j’essaie de lentement remobiliser [le bras], mais il n’y a aucun moyen d’accélérer le rattachement d’un tendon ou la création d’un tissu. En faire moins, c’est mieux actuellement. Comme vous le savez, il faut être bien pour reprendre la compétition, mais aussi en pleine condition. Pour le moment, je ne sais pas si Jerez est possible à 100% ou à 50% donc il faut juste qu’on avance semaine après semaine et qu’on accepte que ce soit lent.
Quand t’attends-tu à revenir ?
Mes attentes, ça serait de monter sur la moto demain mais je sais que c’est assez irréaliste actuellement. Comme je l’ai dit, je passe une nouvelle IRM lundi. On verra la guérison du tendon et dans quelle mesure il est prudent de faire des mouvements à plus de 90°, parce que c’est ce qui sollicite vraiment l’omoplate et la clavicule. Et si ça va, on commencera à renforcer les exercices. Dans la semaine de Jerez, on saura si c’est oui ou non.
Je ne sais pas vraiment si l’airbag apporte plus de sécurité.
L’airbag a-t-il favorisé ce type de blessure, plutôt qu’une fracture ?
C’est intéressant car j’y ai beaucoup réfléchi et j’en ai discuté avec Ixon [son équipementier] parce que je ne sais pas vraiment si l’airbag apporte plus de sécurité. J’ai eu une luxation de l’épaule, c’était au niveau du sternum mais je n’ai pas cassé la clavicule. Mais on voit des blessures à la clavicule avec l’airbag, donc je ne pense pas que ce soit si sûr. Sinon, je ne sais pas si c’est très sûr de se retourner dans les graviers quand c’est totalement gonflé au niveau des bras, car quand on se retourne on a des chocs sur les mains.
Je ne dis pas qu’il faut abandonner les airbags mais il est certain qu’il y a une marge de progrès dans le système, en particulier dans la quantité d’air qui y pénètre, parce que chaque corps a une taille différente. Certains pilotes aiment que la combinaison soit assez serrée, je n’aime pas que ce soit ample. Cela ouvre un peu la discussion sur la façon de réguler ça.
Quelle a été la réponse de ton équipementier ?
Pas grand-chose. Ils ont dit qu’il fallait faire des analyses mais ils doivent aussi se conformer au règlement. Chaque marque respecte le règlement donc c’est plus la FIM qui doit ouvrir la discussion avec les équipementiers.
Miguel Oliveira (Pramac Racing)
Photo de : Pramac Racing
As-tu l’impression d’avoir un chat noir avec ces blessures à répétition aux épaules ?
Maintenant, c’est la troisième année consécutive que je me blesse après un accrochage. Je ne peux pas vous en donner la raison précise mais je pense que j’attire ces situations. Je ne suis pas tombé avec la Yamaha, sauf lors de cette chute et je me suis blessé. Comme vous pouvez l’imaginer, c’est un peu frustrant mais je dois regarder devant, sinon on reste dans cette boucle négative et ça n’aide pas du tout.
Est-ce la même blessure que celle que tu avais eue à Silverstone [en 2019] ?
Non, à Silverstone, c’était l’épaule.
Et Jerez [en 2023] ?
À Jerez, c’était une luxation et une fracture de l’épaule.
C’est la même épaule ?
À Silverstone, c’était l’épaule droite, et à Jerez la gauche.
Penses-tu que les précédentes blessures ont eu une influence ?
Non, pas du tout, et je m’étais très bien remis. Il n’y a pas de lien.
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Vincent Lalanne-Sicaud
MotoGP
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