CRITIQUE – Cette nouvelle série des producteurs d’HPI et Mercato renouvelle avec beaucoup d’humour et de tendresse le duo de flics. Avec un voyage dans le temps en prime !
1994, Josselin Letellier, un super flic, est assassiné à Lyon. 2024, sa fille Elsa, devenue agent de la Police scientifique, se retrouve inexplicablement propulsée 30 ans plus tôt. Une occasion inespérée d’empêcher le meurtre de son père. Pour cela, elle fait en sorte de devenir sa coéquipière, alors qu’il ignore tout de son identité…
Peu importe cet improbable postulat de départ, entre Terminator et Retour vers le futur, dont l’usage est devenu commun. Flashback, comédie policière des producteurs d’HPI et Mercato, renouvelle habilement le genre, au-delà de l’effet madeleine de Proust des années 90 qui joue à plein, en mode vintage, du Minitel rose aux VHS en passant par la Golf GTI.
Conflit perpétuel
Car le conflit perpétuel de ce tandem n’est pas artificiel. Certes, il y a la classique antinomie de caractère. Elle est procédurière. Pour lui, la procédure c’est «18 heures, apéro chez Coco !». Elle n’admet aucune entorse aux règles. Il est capable de glisser un sachet de shit dans le tiroir d’un suspect pour l’inciter à parler. Mais le monde d’Elsa s’écroule. C’est la fin d’un mythe. L’image du père idéal, bigger than life, que celui-ci livrait à travers ses récits héroïques à la gamine de 6 ans (on songe à En liberté de Pierre Salvadori avec Vincent Elbaz), en prend pour son grade. La jeune femme découvre le racisme et le sexisme ordinaire de son «glorieux» géniteur, des blagues et des comportements d’un autre âge. «T’es un gros blaireau de macho», lance Elsa, choquée. Et son équipe au commissariat ne relève pas franchement le niveau… MeToo est passé par là mais pas seulement. Une conscience écologique également, et bien d’autres choses encore. Un clash de générations donc mais surtout d’époque et d’état d’esprit.
« C’est un con sympathique, mais un con quand même. Il est misogyne, homophobe, bordélique, menteur, accessoirement corrompu… »
Michael Youn
«C’est un rôle de composition, s’amuse son interprète Michaël Youn, parfait de beauferie. J’ai trouvé drôle, jubilatoire même, de jouer avec les codes, les décalages, de mettre les pieds dans le plat par rapport à tout qui n’est heureusement plus possible aujourd’hui. C’est un con sympathique, mais un con quand même. Il est misogyne, homophobe, bordélique, menteur, accessoirement corrompu… Mais est aussi intéressant de voir le chemin parcouru. Et il a affaire à une jeune femme de caractère, avec de la force de persuasion. Il va progresser : c’était aussi la gageure de cette série, montrer comment on peut faire évoluer les mentalités.» « Elle se prend dans la face ce qu’il est, c’est assez dur d’être dans ce rejet au début, mais elle va l’avoir à l’usure et élever ses parents, c’est plutôt joli comme idée, complète Constance Gay (Face à face, naturelle et touchante), interprète d’Elsa, qui participe de l’émancipation de sa mère dans la fiction. Ils jouent d’ailleurs bien le jeu, essaient de comprendre et se remettent en question »
Michaël Youn et Olivia Côte.
NICOLAS ROBIN/TF1
Délectable, en effet, l’affrontement s’avère aussi incroyablement émouvant. La petite fille en Elsa affleure en permanence. Son admiration d’abord, buvant les paroles de son papa retrouvé. Son visage qui s’éclaire, radieux, aux rares moments de complicité partagés. Sa joie enfantine à revoir sa chambre et les boys bands de son adolescence. Il y a encore le voile de tristesse dans les yeux de Coco (Olivia Côte, toujours d’une belle humanité), confidente d’Elsa, qui apprend au détour d’une conversation, qu’elle vivra toujours dans le même appartement minable 30 ans plus tard… Et tant d’autres instants tendres et chaleureux au fil de ces six épisodes de 52 minutes, à la fois bouclés et feuilletonnants, écrits par Clélia Constantine, Louise Bezombes, Charlotte Robb et Vinciane Mokry et réalisés par Vincent Jamain et Stephen Cafiero. La série a reçu le prix spécial du jury lors de la dernière édition du Festival de la Fiction à La Rochelle.
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