Ce jeudi au rectorat, la traditionnelle réunion du conseil d’administration de l’Académie Nancy/Metz a naturellement été rattrapée par l’actualité. Le drame de Nogent, un de plus, un de trop, sera-t-il celui d’une prise de conscience ? Avec la volonté d’y croire, le syndicat UNSA avait alerté : « Ce drame doit être un électrochoc, pas un fait divers de plus. Il est de notre responsabilité collective de ne pas laisser l’émotion se dissiper sans réponse concrète ».
Au sortir de la réunion, Snalc, Sud, Unsa, Cfdt, FSU, CGT exprimaient unanimement sidération et douleur sur le perron du rectorat. Des prises de parole ont été suivies d’une minute de silence en hommage de Mélanie Grapinet, poignardée par un élève. L’émotion était palpable.
Pour SNUipp FSU 54, Anne Hautenauve rappelle : « L’école n’est qu’un miroir de la société, pas plus et pas moins violente. Il faut de l’accompagnement, des adultes. Le tout sécuritaire est une réponse, pas la solution. Et en parallèle dans mon école où nous avons une infirmière de rattachement, elle n’y effectue qu’une demi-journée par semaine car elle doit faire le tour des écoles de sa circonscription ».
En filigrane, lorsque certains souhaitent des portiques aux entrées d’écoles, le dispositif de fouille de sac inopinée aux entrées d’établissements scolaires n’a, à cet instant rien résolu.
L’arrivée de Pôle d’Appui Santé
À défaut de cibler, nommer, diagnostiquer ce mal qui parasite la jeunesse, il y a ainsi une forme d’urgence à en soigner les symptômes. Depuis le meurtre d’un jeune lycéen en Essonne le 24 mars dernier, le Ministère de l’éducation avait annoncé la fouille de sac inopinée à l’entrée des collèges et lycées pour tenter de lutter contre les violences à l’école.
Avec 6000 scolaires priés d’ouvrir leur cartable en deux mois, 32 personnes mises en garde à vue et 186 couteaux découverts à l’échelon national, le Premier ministre avait annoncé l “intensification” des contrôles, après l’attaque au couteau le 5 juin qui a fait un mort et trois blessés dans un lycée de Nantes. Le meurtre d’une surveillante sauvagement poignardée par un élève devant le collège de Nogent survenait, ce mardi 10 juin… lors du déploiement de cette opération.
Sur le terrain, la demande est prioritairement aux moyens humains lorsque la Cour des comptes rappelait le 20 mai dernier le sous-investissement profond de l’état pour l’éducation (6,7 % du PIB en 2023 et 7,8 % en 1995). La timide réponse des assises de la santé de l’éducation nationale, le 14 mai dernier à Paris, accouchait de 11 mesures dont la nomination de référents santé le mentale au niveau départemental et la nomination de 100 psychologues au niveau national.
« Pourvu qu’on les attire. Il y a actuellement 1500 postes pour 500 occupés chez les infirmières scolaires au niveau national. On a un souci d’attractivité qui n’est pas nouveau » soulignait Magali Leclaire pour UNSA avant de reprendre « Je suis en maternelle, on fait déjà des signalements, mais lorsque vous voyez qu’un dossier MDPH met dix-huit mois avant une prise en charge, quelle solution ? ». C’est que le levier de l’accompagnement social est tout aussi grippé.
L’Académie cherche pourtant des solutions pour la rentrée 2025/2026. Elles prendront la forme pour le premier degré en Meuse, d’un Pôle d’appui à la scolarité en collaboration avec l’ARS. Deux circonscriptions des départements limitrophes accompagneront le mouvement. Rien qui ne freine les syndicats à demander officiellement une réunion multilatérale à la ministre.