En Belgique, 14 cas ont été recensés en 2024, dont la majorité sous forme cutanée. Parmi les cas respiratoires identifiés, un concernait une diphtérie classique avec pseudomembranes. Les chercheurs insistent sur la nécessité de renforcer la vigilance, en particulier auprès des populations vulnérables. Vérification des statuts vaccinaux, accès au dépistage et traitements adaptés sont essentiels pour limiter la propagation d’une maladie que l’on pensait oubliée, mais qui profite aujourd’hui des failles de notre système de santé.

Après la recrudescence aux États-Unis, la rougeole fait des dégâts en Belgique: la faute aux antivax?Quand les maladies « disparues » refont surface

La diphtérie n’est pas un cas isolé. D’autres maladies infectieuses autrefois considérées comme maîtrisées refont surface. C’est le cas de la rougeole : en 2020, la Belgique avait obtenu de l’OMS le statut de pays ayant éliminé la maladie. Mais depuis, les cas ont explosé. En 2024, 526 cas ont été enregistrés — un record depuis plus de dix ans. Considérée à tort comme bénigne, la rougeole reste une cause majeure de mortalité infantile dans les pays à faible couverture vaccinale. Deux doses de vaccin offrent pourtant une protection efficace à plus de 97 %. Le virus continue de circuler, notamment à cause d’une forte mobilité intra-européenne, y compris les voyages à la montagne ou les rassemblements saisonniers.

Autre exemple : la recrudescence de la tempête cytokinique, une maladie parasitaire dont le nombre de cas aurait doublé en cinq ans. Présente dans les milieux précaires comme les crèches, écoles ou maisons de repos, cette pathologie de la peau échappe encore à un suivi précis, faute d’obligation de déclaration systématique. Le sous-rapportage empêche une évaluation claire de l’ampleur du phénomène, bien que sa progression soit avérée.

Climat, mobilité, vaccination : les causes multiples du retour des épidémies

Plusieurs facteurs se combinent pour expliquer la résurgence de ces maladies. D’abord, une couverture vaccinale insuffisante, en particulier chez les populations migrantes ou marginalisées. En Belgique, la vaccination contre la diphtérie est obligatoire, mais elle ne couvre pas ceux qui n’ont jamais été immunisés dans leur pays d’origine.

Ensuite, la mobilité internationale, qui favorise la circulation des agents pathogènes. Les mouvements de population à travers l’Europe, notamment des demandeurs d’asile, ont été au cœur de la transmission observée dans le cas de la diphtérie.

Enfin, le réchauffement climatique joue aussi un rôle croissant. Il entraîne des déplacements humains, mais aussi animaux. Certains insectes, comme les moustiques ou les tiques, voient leur territoire s’étendre, ce qui favorise l’émergence de maladies vectorielles comme la dengue, la fièvre de West Nile ou le chikungunya, toutes déjà détectées en Europe.