La guerre en Ukraine sera l’un des grands sujets de ce sommet du G7 qui s’ouvre ce dimanche 15 juin au Canada, notamment autour de nouvelles sanctions contre la Russie. (Image d’illustration)

JULIEN DE ROSA / AFP

La guerre en Ukraine sera l’un des grands sujets de ce sommet du G7 qui s’ouvre ce dimanche 15 juin au Canada, notamment autour de nouvelles sanctions contre la Russie. (Image d’illustration)

INTERNATIONAL – Le décor est paisible : montagnes enneigées, grands lacs bleu azur, forêt à perte de vue. Les discussions qui vont s’y tenir, sûrement un peu moins. Le sommet du G7 s’ouvre ce dimanche 15 juin à Kananaskis, au Canada dans un contexte géopolitique brûlant, particulièrement depuis qu’Israël a lancé une offensive sur l’Iran.

Trois jours d’échanges et de tractations au pied des Montagnes Rocheuses canadiennes entre les dirigeants des États du « groupe des Sept », les puissances économiques historiques : Donald Trump (États-Unis), Emmanuel Macron (France), Giorgia Meloni (Italie), Friedrich Merz (Allemagne), Mark Carney (Canada), Keir Starmer (Royaume-Uni), Shigeru Ishiba (Japon), mais aussi Ursula von der Leyen et António Costa pour représenter l’Union européenne.

Mark Carney, le nouveau Premier ministre canadien, a également invité plusieurs autres pays au cœur d’une actualité internationale mouvementée, que ce soit l’Ukraine, l’Inde, le Brésil, le Mexique, l’Afrique du Sud ou encore l’Australie. Le HuffPost fait le point sur les principaux sujets qui risquent de cristalliser les tensions (et la récente guerre entre Israël el l’Iran n’est pas le sujet le plus éruptif) lors de ce sommet beaucoup moins consensuel que ces dernières années, avec un dénominateur commun : Donald Trump.

• Trump et le Canada, une histoire de désamour

Entre Washington et Ottawa, c’est peu dire que la relation s’est largement dégradée depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Au-delà de la guerre commerciale qu’il a lancée à l’encontre du Canada et du Mexique, le président américain n’a cessé d’appeler à faire de son voisin le « 51e État » des États-Unis.

Alors, pour sa première visite sur le sol canadien depuis sa réélection – sa deuxième seulement en comptant son premier mandat, où il ne s’était rendu que pour… un sommet du G7, en 2018, -, les discussions devraient encore s’annoncer musclées avec Mark Carney, alors que ce dernier s’était notamment fait élire par son discours ferme contre le président américain.

Une méthode qui semble pour l’instant réussir : la dernière rencontre entre les deux dirigeants en mai dernier à la Maison Blanche, bien que tendue, s’est déroulée sans grand accroc. Donald Trump avait admis qu’il n’évoquerait plus le sujet de l’annexion du Canada… tout en disant à Mark Carney qu’« il ne faut jamais dire jamais ». À voir si cette relative accalmie se poursuivra.

• La guerre commerciale américaine ne se relâche pas

Un autre sujet risque d’accaparer bon nombre de discussions au Canada : la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump depuis le début d’année avec (presque) tous les pays du globe. Il est parfois difficile de s’y retrouver à ce sujet, tant les décisions du président américain varient d’un jour à l’autre, au gré de ses humeurs et de ses coups de sang. Au moment où le sommet du G7 s’ouvre, le seul pays avec lequel les États-Unis ont conclu un accord commercial est le Royaume-Uni.

Alors que les discussions avancent notamment avec la Chine, du côté de l’Union européenne en revanche, les négociations traînent. L’UE est en principe toujours visée par les droits de douane à 20 % (un sursis est à l’oeuvre jusqu’au 8 juillet), accompagnée de surtaxes supplémentaires sur l’acier et l’aluminium ou les voitures. Mais Donald Trump n’a pas caché son agacement face aux Vingt-Sept, et même menacé de monter les droits de douane à 50 %. Le G7, propice à de très nombreuses discussions informelles entre les différents chefs d’État présents, pourrait faire évoluer la situation à ce sujet.

• La Russie en passe d’échapper à de nouvelles sanctions

Comme à chaque édition depuis plus de trois ans, la guerre en Ukraine sera au cœur des discussions dans la forêt canadienne. Mais les discussions s’annoncent plus tendues cette année. À rebours de son prédécesseur Joe Biden, Donald Trump se montre très prudent quant à l’adoption de nouvelles sanctions contre Moscou, convaincu qu’il sera celui qui parviendra à faire signer la paix à Vladimir Poutine et se montrant donc réticent à l’idée de le brusquer.

Or, l’Union européenne arrive au Canada avec une proposition forte : baisser le plafond du prix de vente du baril de pétrole russe de 60 dollars à 45 dollars. Selon Ursula von der Leyen, les exportations énergétiques russes vers l’Europe auraient ainsi chuté de 12 milliards à 1,8 milliard d’euros entre le début de la guerre et aujourd’hui du fait de ces sanctions. Une mesure à l’impact réel sur les revenus russes, et que les États européens souhaitent encore renforcer.

Problème : ces sanctions doivent être approuvées par le G7, et donc par les États-Unis. Ursula von der Leyen a annoncé qu’elle mettrait cette mesure à l’agenda du sommet à Kananaskis, avec l’optique de parvenir à convaincre Donald Trump. Volodymyr Zelensky sera également présent au Canada (mais pas Vladimir Poutine exclu depuis l’annexion de la Crimée en 2014), et a affirmé espérer obtenir une rencontre bilatérale avec le président américain afin de le convaincre de la nécessité de ces restrictions contre Moscou.

• La visite très symbolique d’Emmanuel Macron au Groenland

Ne vous fiez pas aux images sûrement chaleureuses des retrouvailles entre Emmanuel Macron et Donald Trump qui seront diffusées du Canada. Le président français a distillé plusieurs piques à l’encontre de son homologue américain ces dernières semaines, notamment au sommet de l’ONU sur les océans à Nice, affirmant que « les abysses ne sont pas à vendre, pas plus que le Groenland n’est à prendre, pas plus que l’Antarctique ou la haute mer ne sont à vendre ».

Dans ce sens, Emmanuel Macron se rend d’ailleurs ce dimanche au Groenland pour un voyage officiel très symbolique juste avant le G7, alors que le territoire est ciblé comme le Canada par les ambitions expansionnistes américaines. « Le Groenland, j’y vais pour être en solidarité avec le Premier ministre du Groenland (…) et pour dire : on est là, et on est prêt à se réinvestir pour pas qu’il y ait de la prédation et pour pas qu’il y ait de menace », a déclaré le président français.

• Le conflit à Gaza et la reconnaissance de la Palestine

D’autant plus que la France est sur une position très différente de celle des États-Unis sur un autre sujet qui bouleverse l’actualité internationale : le conflit à Gaza et l’action du gouvernement Netanyahu. Washington est en réalité à rebours de tous les autres États du G7. Le Canada et le Royaume-Uni se sont fait sévèrement tacler par la diplomatie américaine pour avoir imposé des sanctions à l’encontre de deux ministres d’extrême droite du gouvernement israélien, qualifiées d’« extrêmement peu utiles » par Washington.

Mais c’est surtout la conférence à l’ONU sur la reconnaissance d’un État palestinien, co-organisée par la France et l’Arabie saoudite et dans la foulée immédiate de la fin du G7, qui devrait créer des remous à Kananaskis. Washington a en tout cas prévenu, comme l’a rapporté Reuters : « les pays qui prendraient des “mesures anti-Israël” à la suite de cette conférence seront considérés comme agissant à l’encontre des intérêts de la politique étrangère des États-Unis, et pourront faire face à conséquences diplomatiques ». Le ton est donné.