Sur la plage des Catalans, trois filles bronzent sous le soleil du début de ce mois de juin. « Quand tu vois quelque chose et que tu ne sais pas trop comment agir, c’est un super moyen », pose Jeanne, l’une d’entre elles, en parlant du dispositif Safer Plage.
Cette opération de lutte contre les violences sexuelles et sexistes sur les plages, mise en place en 2022 par la Ville de Marseille, est reconduite cet été.
Une opération de sensibilisation efficace
Destiné au grand public, ce dispositif s’articule autour d’une équipe de médiateurs et médiatrices formés, qui seront présents tout l’été pour sensibiliser les plagistes autour des violences sexuelles et sexistes, et une application simple d’utilisation, Safer Plage, qui permet aux utilisateurs de signaler anonymement les incivilités afin que les médiateurs puissent intervenir.
Justine Noël, responsable du projet Safer, témoigne du succès de l’application depuis son lancement le 30 mai 2025 : plus d’une centaine de personnes l’ont déjà installée sur leur smartphone. Si l’application rencontre malgré tout une certaine stagnation du nombre d’utilisateurs depuis l’année dernière, sa fondatrice rappelle que c’est un indicateur positif : « Cet outil agit en complémentarité de la présence humaine. Si les téléchargements stagnent, c’est que la prévention et la dissuasion par les médiateurs fonctionnent bien. »
La conseillère municipale chargée de la délégation des droits des femmes et de la lutte contre les violences faites aux femmes, Nathalie Tessier, se félicite de l’efficacité de Safer Plage : « Les Marseillaises s’en sont emparées, on dirait que ça a toujours existé. »
Barnum d’accueil installé face aux plagistes et violentomètre planté dans le sable, la plage des Catalans n’a jamais été aussi sûre. « C’est extrêmement dissuasif […] et les victimes et témoins osent dénoncer », assure la conseillère municipale. Et ça ne loupe pas ; dès l’interview terminée, six jeunes filles se rendent sous la tente pour trouver de l’assistance après avoir été filmées et photographiées dans l’eau sans leur consentement par un homme.
En une fraction de seconde, quatre intervenants se rendent auprès du coupable, tandis qu’Alice, une autre médiatrice, s’occupe de recueillir la parole des victimes.
D’autres moyens de préventions existent
Un peu plus loin, sur la plage du Prophète, une amatrice de topless (sans haut) s’interroge : « Je ne sais pas si j’oserais dénoncer un mec qui regarde un peu trop mes seins », se demande Victoria. « Si un mec vient m’embrouiller, mon premier réflexe ne sera pas d’aller le signaler sur l’application », ajoute-t-elle.
La jeune femme admet toutefois que « ce genre de dispositif est nécessaire à un changement sociétal ». Pour d’autres, le dispositif reste à élargir : « Sur des places fréquentées comme le Vieux-Port, ou dans les transports en commun, ça serait important aussi de mettre en place ce type de dispositif », rapporte Jeanne. À cette demande, Nathalie Tessier rappelle que d’autres moyens de prévention existent déjà : l’application Umay notamment, créée pour lutter contre le harcèlement de rue.
Pour cette saison estivale, l’élue espère que le dispositif permettra de « sensibiliser et informer les jeunes et les moins jeunes, et encourager le fait de prendre soin les uns des autres […] afin que les femmes, même seules, puissent aller à la plage sans se demander ce qui va leur arriver ».
Des informations supplémentaires sur le dispositif sont disponibles sur le site de la ville de Marseille et au service droits des femmes. Pour rappel, le harcèlement sexuel est passible de deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.