Le Moyen-Orient est frappé par une nouvelle séquence guerrière terrifiante. D’abord, parce que, en Iran comme en Israël, des populations civiles sont tuées, blessées, terrorisées. Ensuite, parce qu’elle rend plus tangible encore un embrasement massif de la région, voire au-delà. Sur un autre plan enfin, parce qu’elle souligne combien l’Europe peine à y faire face.
Israël était de plus en plus isolé ces derniers mois sur la scène diplomatique. Le sort insupportable des plus de 2 millions de Gazaouis augmentait l’écœurement dans les opinions. Les dirigeants de différents pays, comme la Suisse, étaient sous pression dans leur posture face à ce drame. Les événements de ces derniers jours ont coupé court aux velléités françaises autour de la reconnaissance d’un Etat palestinien.
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En (r)ouvrant le front contre l’Iran, le gouvernement israélien déplace l’attention et, surtout, fait état, une nouvelle fois, de sa puissance militaire et de l’efficacité de ses services de renseignement, dans une opération sans doute préparée de longue date. Pour détruire le potentiel nucléaire iranien sans garantie d’ailleurs d’y parvenir seul? Entre autres. Car les cibles sont aussi non nucléaires. Sans compter, comme pour le Hamas et le Hezbollah, l’élimination de personnalités dirigeantes, ébranlant ainsi fortement la République islamique.
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Niveau d’explosivité grave
Le régime des mollahs, justement, est donc l’agressé et peut ainsi le clamer. Mais c’est un pouvoir très oppressif qui, même si les Iraniens ont une forte fibre patriotique, a dû faire face ces dernières années à une courageuse et déterminée opposition civile: il est très fragilisé. L’Iran, que ce soit par son ambition nucléaire, sa posture rhétorique avec en première ligne la destruction d’Israël et son soutien au terrorisme, reste une menace réelle, aussi pour les pays occidentaux.
De surcroît, dans ce contexte d’un niveau d’explosivité rare, le président Donald Trump jouait ces derniers temps le négociateur sur le nucléaire avec l’Iran, sans les Européens, d’un accord dont il avait lui-même retiré les Etats-Unis en 2018. Mais en parallèle, son administration semblait au courant de ce qu’Israël préparait.
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Dans ce tourbillon sanglant, lui-même inscrit dans un contexte anxiogène global, qui est la victime, qui est le bourreau? Le paradoxe se lit dans les postures de certains pays européens, défenseurs contraints depuis vendredi du droit d’Israël à se défendre face à l’Iran. Même sincères, déterminées ou les deux, leurs voix semblent bien faibles. Et à l’affreux tournis des conflits se multipliant s’ajoute la tristesse de l’impuissance ambiante face à la fureur du monde.