Les planètes se sont finalement alignées. Forte de son amitié avec Roschdy Zem , qu’elle a dirigé en 2019 dans la série Les Fauves (Canal+), Rebecca Zlotowski  projette d’écrire un film pour l’acteur, qui lui a proposé d’adapter, autour du thème de l’impuissance, le roman de Romain Gary, Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable . Un rôle à contre-emploi pour l’acteur, qui a souvent joué les durs, avec une image de libido virile. Le projet est abandonné. Au fil de l’écriture, la cinéaste a fait un blocage. « Progressivement, m’est apparue ma propre impuissance, celle d’une femme de 40 ans sans enfants, qui en désire un et élève en partie ceux d’un autre, ceux d’une autre. »

UNE VERSION SOLAIRE DE LA BELLE-MÈRE

Virage à 180 ° : ce sera Les Enfants des autres, film très personnel, donc, qui suit Rachel, prof de lettres dans un lycée parisien, célibataire et heureuse, qui rencontre et s’éprend d’Ali (Roschdy Zem est resté !), papa d’une petite Leïla de 4 ans. Rachel apprend bientôt à devenir belle-mère, rôle qu’elle affectionne mais qui, sans préavis, la confronte au désir d’enfant longtemps refoulé en raison d’une histoire familiale douloureuse. Aux antipodes des représentations classiques (merci Disney !), de la marâtre toxique, Zlotowski en offre une version solaire, qui accompagne sa réflexion sur la fin de la fécondité, rarement évoquée au cinéma, tout en questionnant la parentalité et la transmission : « En écrivant ce film très autobiographique, le visage de Virginie Efira m’est apparu. »

Dans le rôle, l’actrice est magnifique. « Avec elle, la première prise est déjà dans la justesse absolue. Je ne la considère pas comme une muse, mais comme une soeur, une alliée » , s’enthousiasme la cinéaste. « Rachel n’est pas quelqu’un qui sauve des vies, elle a le courage de vivre sa vie avec une forme de dignité très limpide que je trouve belle », raconte Virginie. « Son intelligence de jeu, sa générosité, sa dignité en font l’héritière d’une Meryl Streep dans Kramer contre Kramer, ou d’une Diane Keaton dans Une femme libre, dixit la réalisatrice. Virginie est de cette étoffe. Ses regards, ses silences troublent autant que ses sourires, qui ont l’élégance du désespoir » .

“ALI A UNE PART DE FÉMININ”

Avec Roschdy, c’est une évidence. Entre le taiseux ténébreux et la bavarde lumineuse, rien de fabriqué, ces deux-là vont bien ensemble. « Roschdy se réinvente sans cesse ! Il fait des choses dans le film qu’il n’aurait jamais faites avant. » Bien vu, Virginie ! « Ali est le rôle qui m’a fait me poser le plus de questions, confie l’acteur. Il a une part de féminin. On a inversé les rôles que l’on est habitués à voir au cinéma. Ici, c’est l’homme qui est seul avec un enfant. » Sur Virginie, il n’a que du positif : « On n’est pas loin de la partenaire parfaite. Elle a et le talent, et le comportement qui va avec », glisse-t-il, conquis. À notre image, bluffés par la grâce, la vérité avec lesquelles elle incarne Rachel, belle âme vibrante de ce bouleversant portrait de femme. Tout est vraiment aligné pour un grand moment de cinéma.

Les Enfants des autres dimanche 15 juin à 21h10 sur France 2

Voir l’article original sur Télé 7 jours