Pas touche au Canada. C’est en substance le message que des millions de Canadiens veulent faire passer à Donald Trump. Le président américain a une nouvelle lubie, en plus de vouloir mettre la main sur le Groenland : faire de son voisin du nord le 51e État des États-Unis. Non content d’avoir imposé des droits de douane supplémentaires sur les produits importés, Donald Trump a des visions impérialistes sur le Canada. Et ses habitants ne comptent pas se laisser faire, rapportent le Wall Street Journal. Pour le faire savoir, ils utilisent l’une de leurs fiertés nationales : le hockey.
Le 5 mars dernier, l’artiste canadien Mike Myers apparaissait dans l’émission Saturday Night Live, aux États-Unis. À la fin du show et alors qu’il portait un T-shirt sur lequel on pouvait lire « Canada is not for sale », le Canada n’est pas à vendre, il a fait un geste compris par tous ses concitoyens. Le bras plié et le coude levé devant lui, il a lancé : « Elbows up. » Cette phrase est un clin d’œil explicite à une légende du hockey canadien.
Canada : les merveilles de l’Archipel-de-Mingan
Deux grands joueurs de hockey au cœur de la bataille contre Donald Trump
À partir des années 1940, Gordie Howe a rendu fier le Canada, sur la glace. Le hockeyeur, décédé en 2016, avait pour habitude de lancer son coude en avant dans le menton de ses opposants. Un geste autorisé au hockey et qui avait valu au champion le surnom de « Mr. Elbows ». Les Canadiens semblent donc prêts à se battre, comme sur la glace, pour ne pas subir les caprices et les volontés insolentes de Donald Trump.
D’autant que le président américain compte un autre grand hockeyeur canadien parmi ses soutiens. Wayne Gretzky fait partie des meilleurs joueurs de hockey de sa génération. Entre 1978 et 1999, nombreux sont les Canadiens à l’avoir encouragé sur la glace. Mais il est aujourd’hui devenu un paria. Malgré les propos réitérés de Donald Trump sur la « frontière artificielle » entre le Canada et les États-Unis, Wayne Gretzky a assisté à son inauguration en janvier 2025 et a fêté son retour à la Maison-Blanche en portant une casquette Make America Great Again.
À Edmonton, où Wayne Gretzky avait remporté quatre Stanley Cups dans les années 1980, 14 000 personnes ont déjà signé une pétition pour débaptiser la rue qui porte son nom. Donald Trump a mis son grain de sel : « Je veux que personne au Canada ne dise du mal de lui. Il soutient le pays comme il est, même s’il n’est pas aussi bien qu’il pourrait l’être s’il faisait partie du meilleur et du plus puissant pays au monde : USA. »
Manifester, d’accord, mais agir, surtout
La révolte Elbows up prend de l’ampleur dans le pays qui votera pour renouveler la Chambre des communes le 28 avril. Les commerçants ont cessé de vendre des produits américains, et les remplacent par des biens locaux, les cafés servent des Canadianos plutôt que des Americanos et les citoyens annulent massivement leurs voyages dans le pays voisin.
Mais tous les Canadiens ne sont pas convaincus de l’utilité du mouvement. « Je ne suis pas en colère contre ceux qui veulent défendre le Canada contre le président. Mais penser que la bagarre est une solution contre la plus grande économie au monde, c’est irrationnel », estime Ron Butler, un courtier qui voit déjà les effets des augmentations de prix sur le pouvoir d’achat des ménages.