L’étude de l’ADN fait des miracles. En 2008, une analyse génétique de fragments de phalanges et de dents trouvés dans la grotte de Denisova, dans les montagnes de l’Altaï, en Sibérie du Sud, a révélé l’existence d’un groupe jusqu’alors méconnu : surnommés dénisoviens par les scientifiques, ils ont vécu entre 285 000 et 50 000 ans avant le présent (AP). Donc contemporains des Homo sapiens (apparus il y a au moins 300 000 ans) et des hommes de Néandertal (400 000 à 40 000 ans AP). «Génétiquement, les dénisoviens sont proches mais distincts des néandertaliens et des Homo sapiens», ont précisé les chercheurs, en 2010, dans la revue Nature.

Cette interfécondité a joué un rôle clé dans l’évolution d’Homo sapiens

D’autres analyses ont suivi, révélant un fait tout aussi important : dénisoviens, néandertaliens et Sapiens se sont «hybridés» durant le Paléolithique moyen (entre 350 000 et 45 000 AP). En effet, en 2018, l’étude d’un morceau d’os provenant de la grotte de Denisova a attesté l’existence d’un individu issu d’un dénisovien et d’une néandertalienne ! La thèse jusqu’alors admise selon laquelle la grotte était peuplée uniquement de dénisoviens a été abandonnée. Les chercheurs estiment que cette interfécondité a joué un rôle clé dans l’évolution d’Homo sapiens après son départ d’Afrique pour l’Europe, il y a environ 50 000 ans : la rencontre de représentants de notre espèce avec des groupes néandertaliens et dénisoviens, bien adaptés à leur environnement, leur aurait fourni les gènes essentiels à leur survie dans ces nouveaux milieux, plus froids que ceux dont ils venaient.

➤ Article paru dans le magazine GEO Histoire, « Préhistoire, comment vivaient nos ancêtres ? », de mai-juin 2025.

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