Par

Emilie Salabelle

Publié le

16 juin 2025 à 6h14

Jusqu’à 1 400 réponses en quelques jours pour une annonce de studio aux abords d’une fac. Le chiffre illustre la dure réalité des futurs étudiants en quête de leur logement à Paris. Alors que les premiers résultats de Parcoursup viennent de tomber, la ruée vers les studios libres a bel et bien commencé, selon une étude publiée par le site de location en ligne Particulier à particulier (PAP), le 10 juin 2025. Sans surprise, la recherche s’annonce ardue.

600 réponses par annonce

En moyenne, les propriétaires reçoivent près de 600 demandes de visite dans les trois jours succédant à la publication de leur annonce, indique PAP. Une concurrence très forte, malgré « le retour de certains biens sur le marché, à la faveur du redémarrage du marché immobilier ».

Un niveau de demande qui illustre un « déséquilibre structurel », explique Corinne Jolly, PDG de PAP. « Le marché locatif étudiant reste extrêmement sollicité à l’approche de la rentrée universitaire. Malgré une légère hausse de l’offre, la tension persiste, en particulier sur les petites surfaces les plus abordables. Nous observons cette année encore une très forte pression sur les biens situés dans les zones universitaires ».

Un contexte toujours peu propice

Faut-il s’attendre à une année 2025 aussi noire que 2024 dans la recherche d’appartement ? PAP rappelle que l’année en cours a été particulièrement impactée par des taux d’intérêts historiquement hauts. Ces derniers ont eu un effet en cascade sur toute la chaîne du logement : les projets d’achats ayant été pour beaucoup reportés, empêchant de libérer des places dans le parc locatif. 

Certes, les taux baissent à nouveaux, et l’arrivée progressive des primo-accédants sur le marché de l’achat désengorge les locations, dont l’offre marque une hausse de 14 % en un an. Mais la demande augmente aussi, de 8,8 %. Elle est particulièrement marquée dans les segments étudiants, « où la tension reste extrême », note PAP.

Vidéos : en ce moment sur ActuDes loyers toujours exorbitants

Quant aux loyers, ils restent toujours très élevés, sans aucune baisse observée. « Pour les étudiants, cette dynamique de reprise n’apporte donc aucune solution structurelle : les logements libérés sont rarement abordables et la concurrence reste rude », décortique la plateforme d’annonces immobilières.

Logiquement, les studios les plus sollicités sont « quasi exclusivement de très petites surfaces », note PAP, avec pour 77 % d’entre eux des studios de 15,8 m² affichés à 690 euros en moyenne.

Les 11e, 13e, et 17e arrondissements sont les plus demandés. « Ces quartiers, bien desservis, proches de pôles universitaires et perçus comme « vivables », permettent aux étudiants de rester dans Paris sans exploser leur budget », décrotique PAP.

La petite couronne tire son épingle du jeu

Face à cette jungle immobilière, les stratégies de contournement se multiplient. 66 % des étudiants habitent chez leurs parents, 56 % des étudiants parisiens vivent hors de la capitale selon l’Apur. Les déplacements interrégionaux ont bondi de 47 % en 20 ans, signe d’une mobilité contrainte plus que choisie, rappelle le site spécialisé.

Sans aller aussi loin, la petite couronne est devenue un nouveau réflexe pour beaucoup de jeunes. Jadis considérée comme une solution de repli, elle fait désormais partie des recherches courantes, avec des villes qui « incarnent aujourd’hui le meilleur compromis entre coût, accessibilité et qualité de vie », note PAP.

La petite couronne permet de grappiller de la surface à moindre prix. « L’analyse des 200 annonces les plus demandées en proche banlieue montre une évolution marquée : 62 % sont des T2, parfois même des T3, contre seulement 29 % de studios », décrypte PAP.  On y trouve des moyennes des 33 m² à 830 euros, 20 m² à 651 euros ou 52 m² à 959 euros.

Les villes les plus recherchées sont bien connectées à Paris via les transports en commun ou se situent à proximité de grands pôles universitaires (Tolbiac, Jussieu, Descartes, Villetaneuse, Nanterre, etc.). Elles offrent une vraie vie de quartier, avec des commerces et des infrastructures sportives ou culturelles. On trouve dans l’ordre :

  • Montreuil (93100)
  • Ivry-sur-Seine (94200)
  • Boulogne-Billancourt (92100)
  • Saint-Maur-des-Fossés (94)
  • Le Perreux-sur-Marne (94170)
  • Asnières-sur-Seine (92600)
  • Colombes (92700)
  • Vitry-sur-Seine (94400)
  • Issy-les-Moulineaux (92130)
  • Clichy (92110)

La Seine-Saint-Denis boostée par l’effet post JO

La Seine-Saint-Denis progresse également dans les recherches, avec de nombreuses villes apparaissant dans le top 20. On y retrouve des villes comme Saint-Ouen, Aubervilliers, Livry-Gargan, Noisy-le-Grand et Saint-Denis.

Cette progression s’explique par plusieurs facteurs, selon PAP : loyers plus abordables que dans les Hauts-de-Seine ; amélioration de l’accessibilité avec l’extension de lignes de métros, RER et tramway et perspective du Grand Paris Express ; présence de nombreux pôles universitaires majeurs, comme Paris 8 à Saint Denus, ou Paris 13 à Villetaneuse.

L’image du département, qui reste le plus pauvre de France métropolitaine, est aussi boostée par un effet post JO 2024, note PAP, « avec la mise en lumière de ces communes dans les médias, la réhabilitation de plusieurs quartiers, la construction de nouvelles infrastructures et une image plus moderne, parfois en rupture avec les clichés encore tenaces ».

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