Récemment sorti de sa retraite sportive, l’ancien centre des All Blacks a signé, à 43 ans, un retour fracassant en marquant samedi contre Castres. Une longévité record.

Une accélération finale qui a fait exploser Castres. Longtemps malmené, le RC Toulon a fait craquer le CO en fin de rencontre, samedi lors du deuxième barrage du Top 14. Avec notamment un essai du vétéran Ma’a Nonu, récemment sorti de sa retraite sportive, et qui est devenu, à 43 ans depuis le 21 mai, le joueur le plus âgé à inscrire un essai dans le championnat de France. Effaçant des tablettes l’ancienne icône fidjienne Sireli Bobo (passé notamment par Biarritz et le Racing 92) qui avait marqué à 40 ans avec la Section Paloise en 2016.

L’annonce du troisième retour de Nonu à Toulon, après ses passages entre 2015 et 2018 puis durant la saison 2020-2021, avait suscité autant d’admiration que d’interrogations. Mais Pierre Mignoni avait été clair, il comptait bien sur l’ancien centre des All Blacks aux 102 sélections, double champion du monde (2011, 2015). «On a pris toute la semaine pour mettre un plan en marche et vérifier qu’on ne se payait pas un symbole. Notre club n’a plus besoin de recruter des figures Panini», avait expliqué le manager varois avant ce retour. «Il ne va pas arriver et être titulaire à tous les matchs, poursuivait-il. Il va être proche des joueurs, proche des coachs et impacter le reste du groupe par sa présence et son exemplarité.»

Sur la Rade, Ma’a Nonu a retrouvé son vieux copain Mathieu Bastareaud dont il est très proche. À l’issue de la qualification du RCT, les deux anciens compères se sont longuement enlacés sur la pelouse de Mayol. Lors de l’annonce du retour de l’emblématique Néo-Zélandais, c’est d’ailleurs l’ancien centre du XV de France, devenu team manager du club varois, qui lui avait symboliquement remis un maillot rouge et noir floqué du numéro 12. «Parce qu’une saison se joue jusqu’au bout et pour pallier certaines absences de longue durée, le RCT pourra compter sur un renfort d’expérience pour accompagner le groupe dans les semaines à venir», se félicitait alors le club au brin de muguet. Le joueur passé par la Legion de San Diego aux États-Unis (2020 puis 2022-2024) était devenu le doyen en activité du championnat de France, devant le pilier argentin du Stade Français Paris, Francisco Gomez Kodela (39 ans).

Je sens qu’il commence à avoir faim, que ça le démange

Pierre Mignoni

Mignoni ne s’était pas trompé en rappelant Nonu. Pari gagnant. Et le manager varois a tenu, auprès de L’Équipe, à répondre à ceux qui doutaient de son choix. «J’ai été beaucoup critiqué parce qu’on m’a reproché de prendre un joueur de 42 ans (à l’époque), a-t-il rappelé. Mais s’il n’avait pas été apte à jouer, on ne l’aurait pas aligné.» Et de souligner l’apport immédiat de l’ancien All Black : «Il nous amène tellement, tous les jours. Il diffuse de la sérénité. Il ne parle pas beaucoup mais il impacte le groupe au quotidien par son exemplarité. C’est davantage que ce qu’il peut faire en match, même si ce (samedi) soir, il a montré les deux.»

Depuis son retour, Nonu a disputé quatre matches (dont une titularisation contre Bayonne lors de la 26e journée) pour 103 minutes de jeu. Et il a pu montrer qu’il n’a rien perdu de sa force de percussion et de sa capacité à fixer les défenses et à jouer en pivot. «Je vous assure que c’est un moteur pour le groupe. Il impacte les autres, c’est incroyable, avait détaillé Pierre Mignoni dans les colonnes de Var Matin avant le match contre l’Aviron. Pas par des paroles, mais par des actes et par l’action. Il est hyper généreux, il donne beaucoup. Et pour ce qui est du terrain, il est en train de retrouver un certain niveau… Et je sens qu’il commence à avoir faim, que ça le démange.»

Chaîne en or qui brille

Son envie de jouer et d’en découdre est évidente. Parfois trop, puisque le centre néo-zélandais avait carrément oublié d’enlever sa chaîne en or avant de rentrer sur la pelouse de Mayol contre Castres. Plutôt classe et inédit mais pas vraiment autorisé par le règlement. Un nouvel effet de mode ? Ma’a Nonu – déjà connu pour ses dreadlocks qu’il n’hésite pas à teindre selon ses envies – n’a jamais fait les choses comme les autres. Au début de sa carrière, il se mettait en effet de… l’eyeliner sur les yeux ! Une drôle d’idée vite arrêtée mais qui l’avait fait sourire : «Les rock stars mettent de l’eyeliner, pourquoi ne pas essayer ? Ce n’était pas terrible. Ça n’a pas changé qui je suis.. Mais je suppose que les All Blacks ne portent pas de maquillage…»