Par
Fabien Massin
Publié le
16 juin 2025 à 7h16
Un déchaînement de violence gratuite et en réunion contre un homme seul à terre. Voilà ce qui est arrivé à un riverain de Grand-Couronne, au sud de l’agglo de Rouen (Seine-Maritime). La cause de ce passage à tabac ? Cet habitant a voulu faire cesser un rodéo urbain qui se déroulait devant chez lui, avenue Georges-Braque en pleine nuit. Deux auteurs des coups ont été jugés pour ces faits au tribunal correctionnel de Rouen vendredi 13 juin 2025. Voici ce qu’a décidé la justice.
Un passage à tabac en règle
En cette soirée du vendredi 7 mars, Emmanuel*, la trentaine, riverain de l’avenue Georges-Braque à Grand-Couronne est souffrant et peine à trouver le sommeil. Dehors, le vrombissement des motocross en plein rodéo urbain l’en empêche. Un genre de soirée à laquelle les Couronnais sont hélas régulièrement confrontés. Il sort de son domicile et va au-devant de jeunes, leur demandant de cesser leurs agissements. Ceux-ci refusent et l’un d’eux assure même qu’ils vont « continuer à faire du bruit ».
Ensuite, l’enchaînement des faits n’est pas très clair, mais très rapide : les coups pleuvent sur Emmanuel, porté à terre par un groupe d’une dizaine de personnes. Sur le plan purement physique, il s’en sort plutôt bien, avec « seulement » plusieurs lésions au front, au bras ou à la cuisse.
« C’est une meute »
Il dépose plainte, et quelques jours plus tard l’affaire rebondit quand un voisin lui remet une vidéo prise pendant le passage à tabac. La lecture de ces images conduit à l’identification de deux hommes ayant participé aux violences : M. et Z.. Tous deux âgés de 25 ans, amis depuis longtemps, ils ont déjà été condamnés à deux reprises pour des violences commises ensemble, ce qui leur a valu à tous les deux un premier séjour en prison.
Devant le tribunal, ils minimisent les faits, s’emmêlent les pinceaux dans des explications confuses. Ils tentent même de faire croire qu’ils se sont interposés pour stopper l’altercation. Ces dénégations et mensonges ne font pas long feu après le visionnage, à trois reprises, de la vidéo.
La procureure de la République s’étrangle d’ailleurs : « Quand on regarde la vidéo, on voit un déchaînement de violences sur un homme seul au sol. En plus d’être violent, c’est lâche. On a expliqué à la victime qu’il n’avait pas à venir se plaindre du bruit. Ces jeunes veulent faire la loi. C’est une meute. »
Une victime traumatisée
L’avocate d’Emmanuel a décrit un homme traumatisé par cette soirée, qui depuis a changé ses habitudes de vie, qui ne sort plus de chez lui — ou le moins possible — de peur de rencontrer ses agresseurs. Du côté des avocats de la défense, l’une a mis en avant le fait que son client, M., était inséré dans la vie sociale et avait un emploi stable de chauffeur routier. Celui de Z. a émis des doutes sur l’interprétation exacte des images de la vidéo.
Dans son jugement, le tribunal a refusé de faire de distinguo entre les deux prévenus, qui écopent tous d’une peine de 20 mois d’emprisonnement dont 8 avec sursis, la peine de 12 mois de prison ferme étant aménagée sous le régime du bracelet électronique.
*Le prénom a été changé
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