À Pessac, les habitants de l’avenue de Gradignan se plaignent de vibrations dans leurs maisons et de la dangerosité de l’axe, en raison d’une circulation chaotique. Le maire, lui, assure qu’il a tout mis en œuvre pour régler les problèmes dénoncés.

Un trafic dense : voitures, bus, camions, vélos et piétons… L’avenue de Gradignan, qui relie le bourg de Pessac au campus Montaigne-Montesquieu de l’université de Bordeaux, voit défiler quotidiennement 6000 véhicules par jour sur une avenue relativement étroite. La cohabitation est pour le moins difficile.

Depuis que l’avenue a été refaite, il y a plus de 15 ans, les habitations des riverains sont soumises à des vibrations sans précédents. «Ce problème est bien connu. Il est surtout causé par le passage des bus et des camions», explique Franck Raynal, le maire de Pessac.

«À chaque passage d’un véhicule lourd, les cadres de nos chambres vibrent. Des gens ont de nombreuses fissures visibles chez eux. C’est invivable. Je ne cesse de le répéter depuis que je me suis installée ici, il y a quelques années : cette avenue n’est pas calibrée pour les poids lourds. Les bus passent de 5h à 1h du matin, il me reste 4h pour dormir. Notre avenue est sacrifiée», nous raconte une riveraine, représentante de l’association Avenue de Gradignan Intérêts des Riverains (AGIR), créée en juillet 2024.

Face à cette situation, le maire explique que l’avenue appartient à «une voirie de catégorie 2, sur laquelle il y a un gros passage» et que cette avenue «est sur un axe essentiel à la circulation». Selon lui, les plaintes des riverains concernant les vibrations se sont accentuées après la période de confinement liée au Covid. «Ils ont goûté au calme et à une avenue paisible. Alors, ils ont trouvé plus insupportable le retour à la situation antérieure», affirme-t-il au Figaro.

Travaux à un million d’euros

Après les plaintes des habitants concernés, des travaux se sont tout de même révélés nécessaires, en dépit de l’importance des coûts de réalisation. La mairie de Pessac a donc sollicité la Métropole de Bordeaux qui souhaite faire passer le bus express sur l’avenue. La ligne K, prévue à l’horizon 2027, s’inscrira dans le projet des «bus à haut niveau de service» (BHNS) de la TBM. La Métropole a ainsi pris en charge les travaux de l’avenue de Gradignan, estimés à un million d’euros. À la suite du chantier, la mairie a commandé une étude acoustique. Franck Raynal l’assure : «Les mesures ont prouvé une atténuation des problèmes de vibration. Ces relevés ont été révélés aux habitants lors de la réunion publique organisée le jeudi 20 mars dernier».

Pourtant, certains habitants de l’avenue de Gradignan continue de se plaindre. Pour eux, rien n’a changé. «Les plateaux rouges surélevés sur tous les carrefours, qui permettaient de réduire la vitesse, ont été supprimés. C’est au moment où les poids lourds tapaient contre ces plateaux que les vibrations survenaient. Sauf que maintenant, les véhicules vont plus vite ! Désormais, c’est la vitesse des véhicules qui amène les vibrations», explique une représentante de l’association qui souhaite rester anonyme. Elle fustige également l’étude commandée par le maire. «Elle a été réalisée sur trois maisons, ce n’est absolument pas représentatif. Nous avons demandé d’étudier le cas d’une autre maison très sujette aux vibrations, on ne nous a jamais écoutés», soupire-t-elle.

Depuis les récents aménagements, la piste cyclable a été supprimée de l’avenue de Gradignan et reportée sur la route parallèle, l’avenue Pierre Corneille. Jugée trop étroite pour accueillir une piste dédiée en toute sécurité, l’avenue de Gradignan a été équipée à la place d’une chaussée en «chaucidou» : une route partagée, avec une voie centrale pour les véhicules motorisés et deux bandes latérales destinées aux cyclistes et aux piétons.

«Le maire nous méprise»

Depuis, l’association AGIR se mobilise et dénonce une route devenue accidentogène. Des banderoles sont régulièrement installées sur des barrières et devant les maisons pour interpeller le maire. «Un jour, ma fille et ses copines circulaient à vélo. Un bus a entrepris le dépassement, sauf qu’il a croisé un autre bus. Il a donc dû se rabattre sur ma fille et ses amies, qui ont fini par chuter», nous raconte un autre habitant de l’association AGIR, avant d’ajouter : «Le maire nous méprise et ne nous écoute pas».

L’une des banderoles installée par l’association AGIR.
Association AGIR

Selon Franck Raynal, «l’avenue est limité à 30 km/h, mais il est vrai que les gens vont plus vite. Nous avons prévu de dessiner des ronds points d’ici cet été, ce qui obligera à céder le passage et réduire la vitesse des véhicules. Ce n’est en rien une avenue accidentogène. Il n’y a jamais d’accidents corporels. Et il y a deux accidents matériels par an». Face aux accusations et aux banderoles, il répond que «vingt personnes mécontentes élèvent leur niveau d’exigence au fur et à mesure qu’ils sont satisfaits». «J’estime que j’ai rempli ma part du contrat et que le sujet est clos», ajoute le maire qui déclare que «les banderoles feront l’objet de procès-verbaux».

De leur côté, les riverains ont lancé une pétition, qui a recueilli plus de 280 signatures, pour demander des mesures concrètes face «à la vitesse et l’insécurité sur l’avenue de Gradignan».