Ces statistiques ont incité la Région Île-de-France et son opérateur de transports Île-de-France Mobilités à encourager, depuis 2017, la pratique du covoiturage. Rien que pour l’année 2024, ce sont 1 292 000 trajets covoiturés qui ont ainsi été enregistrés à l’échelle francilienne. La grande nouveauté réside dans la gratuité dont bénéficient les passagers ayant opté pour ce mode de transport alternatif et écologique. La Région a, en effet, noué un partenariat avec la start-up BlaBlaCar Daily. Dans l’Hexagone, 110 intercommunalités se sont déjà associées au leader du covoiturage, dont près d’une dizaine en Seine-et-Marne.

Le principe

Faites des économies en partageant ses trajets quotidiens, telle est la vocation du covoiturage gratuit. Comment ce dispositif fonctionne-t-il ? Les passagers et conducteurs téléchargent l’application BlaBlaCar Daily, en y indiquant leurs adresses de domicile et de travail, ainsi que leur emploi du temps hebdomadaire. L’application met ensuite en relation les membres qui empruntent le même itinéraire aux mêmes horaires.

Les points de rendez-vous sont fixés automatiquement avec le minimum de détours pour le conducteur. Celui-ci reçoit une compensation allant de 1,50 à 3 euros par trajet et par passager, selon la distance parcourue. Les personnes transportées ne déboursent donc pas le moindre centime, grâce à la prise en charge financière d’Île-de-France Mobilités (IDFM).

Le financement

Ces itinéraires covoiturés sont, en effet, financés, en grande partie, par la Région Île-de-France via IDFM, qui a investi 26 millions d’euros sur trois ans dans ce type de transport. Selon l’opérateur francilien, près de 80 % des 2 millions de trajets subventionnés en 2023 l’ont été en grande couronne parisienne.

Pourquoi avoir consacré une part du budget régional au covoiturage ? Outre l’enjeu environnemental, le but est d’apporter une offre de transport dans les territoires où il n’y en a pas. “La hausse des prix de l’énergie pèse sur les budgets des ménages. Ce soutien est donc essentiel dans une région où l’usage de la voiture est prédominant pour se rendre au travail’’, explique-t-on chez Île-de-France Mobilités. Par ailleurs, les abonnés du pass Navigo bénéficient de deux trajets gratuits par jour, dans la limite de 30 kilomètres.

Les avantages

Ce dispositif possède des avantages à la fois pour le passager et pour le conducteur. Tout d’abord, avec la “Garantie retour’’, BlaBlaCar Daily assure au passager un retour gratuit en cas d’annulation de dernière minute du trajet par le conducteur. Son retour au domicile est donc garanti et peut prendre la forme d’une prise en charge en taxi, à hauteur de 50 euros. Ensuite, une prime de covoiturage d’un montant de 100 euros peut être accordée aux conducteurs. Cette gratification a été mise en place en 2023 dans le cadre du Plan national covoiturage du quotidien. Elle est versée au bout de dix trajets domicile-travail partagés toujours en lien avec l’application BlaBlaCar Daily.

© Shutterstock Les entreprises impliquées

Le covoiturage gratuit peut également concerner les entreprises souhaitant développer ce mode de mobilité en faveur de leurs salariés. En Seine-et-Marne, cette solution est notamment plébiscitée par les employés de Disneyland Paris, premier employeur privé de la région parisienne (18 000 salariés). En effet, ces derniers, qui travaillent en horaires décalés, ne trouvent pas toujours d’offres de transport en commun adéquates à leur activité professionnelle. C’est aussi le cas pour les entreprises qui pratiquent les horaires de travail dits “3×8’’. Au sein de la Communauté de communes du Val Briard, par exemple, ce sont ainsi plus de 5 500 trajets qui ont été enregistrés sur la zone d’aménagement concerté (ZAC) du Val Bréon, à Châtres. 1 750 trajets l’ont été entre 22h et 6h du matin

Des bienfaits pour l’environnement

Le covoiturage, c’est évidemment bon pour la planète. S’il permet de fluidifier le réseau routier et d’offrir des solutions en cas de grèves dans les transports, il contribue surtout à lutter contre la pollution en diminuant le nombre de voitures sur les routes. Dans ce domaine également, l’intercommunalité du Val Briard, à la pointe du covoiturage gratuit (lire encadré), présente des résultats probants : l’année 2024 a vu la participation de 1 360 covoitureurs, tandis que 13 500 trajets, effectués sur ce territoire, ont permis d’éviter l’émission de 86 tonnes de CO² et de redistribuer 43 500 euros de pouvoir d’achat. Le covoiturage gratuit ? Un mode de transport qui roule…

Les intercommunalités séduites

En Seine-et-Marne, plus de 40 sites clés, équitablement répartis sur le territoire, sont dédiés au covoiturage. Le Département en gère 22*, mais l’objectif, à terme, est de créer 150, voire 200 stations.

S’appuyant sur le partenariat entre BlaBlaCar Daily et Île-de-France Mobilités, près d’une dizaine d’intercommunalités proposent le covoiturage gratuit : Brie Nangissienne, Val-Briard, Orée de la Brie, Bassée-Montois, Pays de Meaux, Pays de l’Ourcq et Brie des Rivières et Châteaux. 

La Brie Nangissienne est la dernière collectivité à avoir adopté ce mode de transport. C’était en avril dernier. Ainsi, pour un trajet Nangis- Mormant (11 km), le conducteur perçoit 1,50 euro, tandis que pour un Nangis-Melun (26 km), il empoche 2,60 euros. Cela fonctionne aussi au-delà des frontières du département. Un déplacement entre Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) et Mormant (40 km), offre, par exemple, 3 euros au conducteur. 

Sa voisine du Val Briard, elle, a reçu le trophée “Covoit’, Territoires 2025’’. Un exemple à suivre pour l’Orée de la Brie. “Le covoiturage gratuit, c’est bon pour la planète et votre porte-monnaie !’’, résume son président Jean Laviolette.

*Bernay-Vilbert, Boutigny, Brie-Comte-Robert, Cély-en-Bière, Dhuisy, Guérard, Jouy-le-Châtel, Le Pin, Les Écrennes, Lésigny, Lizy-sur-Ourcq, Marolles-sur-Seine, Montceaux-lès-Meaux, Montceaux-lès-Provins, Montereau-Fault-Yonne, Nemours, Othis, Penchard, Pézarches, Rebais, Sept-Sorts, Villeparisis.