Installées en prévision de l’édition 2025 du Voyage à Nantes, la manifestation culturelle estivale de la cité des ducs, les sculptures contemporaines orneront le monument jusqu’à la fin de la restauration, en atelier, de sa statuaire historique du XIXe siècle.

Révolution sur la place Royale. La fontaine néoclassique qui orne depuis 1865 le nombril de l’une des places les plus chics du centre-ville de Nantes (Loire-Atlantique) s’apprête à connaître une métamorphose. À compter de ce lundi 16 juin, les allégories et les génies en bronze, ainsi que la statue de marbre couronnant le monument, seront déposés par les services municipaux. Réimaginé par le plasticien flamand Willem de Haan pour l’édition 2025 du Voyage à Nantes, le monument accueillera cet été des «figures hyperréalistes de Nantaises et de Nantais contemporains», en lieu et place de ses sculptures néoclassiques.

L’artiste contemporain a conçu 14 sculptures en résine, habillées et emperruquées, pour représenter des habitants de Nantes. D’après nos confrères de Ouest France, ces statues figureront pêle-mêle un kayakiste, une soudeuse chez Airbus, un vigneron, une conductrice de bus, une maraîchère, un étudiant ou encore un pêcheur – soit autant d’individus propres à «réactualiser le récit urbain» porté par le décor historique de la fontaine, réalisé à la gloire de la richesse industrielle de la ville. Sur la page internet du Voyage à Nantes, l’installation – baptisée Latest Version («Dernière version», en anglais) – est décrite comme une «mise à jour» du monument avec des représentations des «dynamiques sociales, économiques et culturelles du XXIe siècle».

Prolongation éphémère

Les statues originelles de la place Royale ne disparaîtront pas tout à fait cet été. Elles seront déplacées – pour la durée du Voyage à Nantes – dans une mise en scène «évoquant les réserves muséales», autour de la fontaine réinventée. À la conclusion de l’événement culturel, le 31 août, les sculptures hyperréalistes de Willem de Haan resteront néanmoins sur place quelques mois de plus, a indiqué la mairie de Nantes, dans un communiqué diffusé le 11 juin. Cette installation éphémère se maintiendra sur la place Royale le temps de la restauration en urgence des statues historiques, confiée aux bons soins d’un atelier spécialisé. L’opération devrait s’achever au cours de l’hiver 2025-2026.

Cette campagne, préfigurée par une étude préalable réalisée en mars, devrait notamment permettre aux restaurateurs du patrimoine de regréer la statue de marbre située au sommet du monument. Fragilisée par des années d’exposition aux intempéries, à la pollution et aux manifestants qui escaladent régulièrement la fontaine, la figure féminine avait perdu un bras en début d’année – ce qui a précipité cette campagne de restauration. Après le travail sur les statues, une seconde étape de la campagne portera, en 2026-2027, sur le massif de la fontaine et les réseaux hydrauliques qui la composent, ajoute la mairie de Nantes.

Déjà restaurée dans les années 1960 ainsi qu’en 2007, la fontaine de la place Royale a été conçue au milieu du XIXe siècle par l’architecte nantais Henri Théodore Driollet et les sculpteurs Daniel Ducommun de Locle et Louis Grootaërs. Coulées par le fondeur Jean-Simon Voruz, à l’origine de l’escalier du passage Pommeray, les statues en bronze représentent des nymphes personnifiant la Loire et ses quatre affluents – l’Erdre, la Sèvre, le Cher et le Loiret. Ces figures féminines sont bordées de génies et de dauphins, incarnations des activités qui ont fait la richesse de Nantes à l’ère industrielle. Au sommet de la fontaine, la statue de marbre représente la cité des ducs. En 2007, la mairie de Nantes a définitivement privé la sculpture du trident de Neptune dont elle était dotée. Fréquemment volé, l’attribut en bronze est désormais conservé dans les réserves de la ville.